La hausse des conversions : des ex-musulmans embrassent le christianisme en France
Chaque année, un nombre croissant d'anciens musulmans en France décident de se convertir au christianisme et sont baptisés.
Ce phénomène pose des défis d'intégration pour ces ex-musulmans qui ne se retrouvent plus dans leur ancienne foi, tout en souhaitant préserver leur culture orientale et leurs liens familiaux.
Au cours des dix dernières années en France, des centaines d'anciens musulmans ont reçu le baptême catholique. Selon la Conférence des évêques de France (CEF), ils représentent de 3 % à 7 % des baptêmes d'adultes célébrés à Pâques.
En 2023, environ 160 adultes issus de familles musulmanes ont été baptisés, et l'année 2024 a connu une augmentation record de ces baptêmes, avec environ 5 % d'entre eux concernant des adultes issus de familles musulmanes, soit environ 350 ex-musulmans, selon Le Figaro.
Parmi les témoignages, celui de Myriam est significatif. En août 2003, elle a été victime de violences de la part de son mari en Algérie, après avoir découvert qu'il avait une deuxième épouse. C'est dans ce contexte de souffrance qu'elle affirme avoir eu des apparitions de la Vierge Marie, à qui elle a ensuite adressé des prières.
Myriam est retournée en France avec ses enfants et a quitté son mari. Après un long processus de reconstruction, elle a été baptisée à Antibes en 2018, marquant ainsi sa conversion au christianisme à l'âge de 52 ans.
À l'âge de 16 ans, Chaïnez, qui souffre d'une profonde dépression, est emmenée par sa mère musulmane à la basilique Notre-Dame de la Garde à Marseille, un lieu fréquenté par des musulmans pour allumer des cierges. Face à une statue de la Vierge à l'Enfant, elle ressent une transformation intérieure.
Elle confie au Figaro : "C'était comme si on me déchargeait d'un poids. Je n'ai jamais ressenti un tel bonheur." Cette expérience la pousse à chercher des réponses dans la Bible, et après douze ans de quête spirituelle, elle est baptisée à Pâques 2023.
Sa conversion entraîne un rejet de sa famille, la coupant de nombreux membres et la forçant à vivre sa foi en secret. Chaïnez raconte : "Quand une amie musulmane a vu ma croix, elle a failli s'enfuir."
Mehdi Djaadi, issu d'une famille musulmane, sombre dans la délinquance et fréquente l'islam radical avant de rencontrer un pasteur qui change sa vie.
Il est baptisé dans l'Église réformée de France en 2007, puis se convertit au catholicisme, recevant sa première communion en 2013. Aujourd'hui, il partage son parcours de foi à travers un spectacle intitulé "Coming out".
La crise identitaire et culturelle des anciens musulmans en France
Les individus convertis sont confrontés à une double crise identitaire, étant obligés de jongler entre leurs racines culturelles musulmanes et leur nouvelle foi chrétienne.
Les réactions des membres de la paroisse posent parfois problème. "Une femme m'a dit : 'Je quitte ma paroisse car, même après trois ans, on continue de me présenter comme la musulmane'", partage anonymement le père T.
"Il est essentiel de veiller à ce qu'ils n'abandonnent pas leur culture. Le christianisme est avant tout une religion orientale", ajoute-t-il.
"Myriam explique : 'J'ai été baptisée pour embrasser la religion catholique, mais ma culture reste omniprésente, on ne peut pas me l'enlever'." Cependant, sa conversion lui a fait perdre le contact avec certains membres de sa famille : "De mes cinq enfants, deux me rejettent : pour eux, je suis une mécréante".
Des ex-musulmans devenus chrétiens subissent souvent des menaces et le rejet de la part de leur famille et de leur communauté d'origine. Certains sont même contraints de changer de département pour pouvoir assister à la messe en toute sécurité.
Néanmoins, ils ont du mal à s'intégrer pleinement dans les paroisses. L'accueil qui leur est réservé est souvent insuffisant, accentuant ainsi leur sentiment de solitude. Les paroisses ne sont pas toujours préparées à accompagner ces nouveaux convertis, ce qui renforce leur impression d'abandon après le baptême.
