Niger : l’UE réagit à l’abrogation de la loi interdisant le trafic de migrants
Cette loi prescrivait des peines «d’un à 30 ans de prison» et «des amendes de 3 millions à 30 millions de francs CFA» (4.500 à 45.000 euros) contre les trafiquants.
Cette loi datant de 2015 criminalise le trafic des migrants au Niger, considéré comme une plaque tournante vers l’Europe via la Libye ou l’Algérie voisines, Cette loi qui « érige et incrimine en trafic illicite certaines activités par nature régulières ».
« Le président du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie, le général Abdourahamane Tiani, a signé samedi une ordonnance portant abrogation d’une loi du 26 mai 2015, relative au trafic illicite de migrants », indique un communiqué du secrétariat général du gouvernement lu à la radio et à la télévision publiques.
Une loi abrogée car « votée sous l’influence de certaines puissances étrangères », affirme le communiqué.
Cette loi prescrivait des peines «d’un à 30 ans de prison» et «des amendes de 3 millions à 30 millions de francs CFA» (4.500 à 45.000 euros) contre les trafiquants.
Aussitôt la nouvelle annoncée, l’Union européenne a réagi ce 28 novembre, par la voix de sa commissaire aux Affaires intérieures Ylva Johansson qui s'est dit «très préoccupé» par l'abrogation par le régime militaire nigérien d'une loi criminalisant le trafic de migrants.
«Je suis très préoccupée par la situation. Il y a un gros risque que cela cause des décès (de migrants) dans le désert, c'est le point le plus préoccupant», a déclaré la commissaire suédoise, ajoutant que cela pousserait aussi «probablement» plus de migrants à se rendre en Libye et à «tenter de traverser la Méditerranée» vers l'UE.
Depuis son entrée en vigueur, et avec l'appui financier de l'Union européenne (UE), la surveillance, y compris militaire, avait été renforcée dans le désert de la région d'Agadez (nord), important point de transit pour des milliers de ressortissants ouest-africains candidats à l'émigration vers l'Europe, via l'Algérie ou la Libye.
L’Union européenne (UE) avait en effet, versé en 2017, une aide de 10 millions d’euros (6,5 milliards de francs CFA) au Niger pour l’aider à juguler le flux de migrants clandestins ouest-africains vers l’Europe.
Le pays sous les mains de militaires ayant accédé au pouvoir suite au putsch de juillet dernier, et se tournement vers la Russie, se désengage de nombreux accords de coopérations et nombreuses mesures et lois prises sous l’ère « Occidentale ».