Propos de Noël Le Graët sur Zidane : Deschamps sortira-t-il de son silence ?
Il parait que personne n'a été épargné par les propos de Noël Le Graët. Didier Deschamps s’est trouvé aussi victime collatérale des propos irrespectueux du président de la FFF sur Zinédine Zidane.
Prolongé jusqu'en 2026 grâce à ses résultats mais aussi grâce à sa relation avec NLG, le sélectionneur tricolore Didier Deschamps doit-il sortir de son silence pour se désolidariser de ces propos ?
"Le Graët rend Deschamps complice de ses bêtises sur Zizou", a estimé l'ancien défenseur des Bleus Franck Leboeuf auprès du Parisien au moment de revenir sur les propos polémiques et irrespectueux de Noël Le Graët sur Zinédine Zidane, tenus dimanche au micro de RMC.
Lors d'une interview, le président de la FFF Noël Le Graët a indirectement opposé Zinédine Zidane et Didier Deschamps, propulsés à la tête de deux camps irréconciliables.
Alors, face à la situation, alors qu'un de ses anciens coéquipiers est visé, Deschamps doit-il prendre la parole ?
"Pour se remettre dans le contexte, il faut rappeler que Didier Deschamps est salarié de la FFF, insiste Thomas Mahé, dirigeant de Team Story qui accompagne de nombreux sportifs de haut niveau pour leur gestion d'image. Sa légitimité professionnelle vient de Noël Le Graët. Dans ce cas-là, Deschamps est une victime indirecte des propos de son président".
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Victime indirecte et prisonnier de son statut. S'il n'a pas un devoir de réserve à proprement parler, Deschamps a malgré tout une certaine retenue à observer dans ses fonctions. Surtout envers un président qui l'a toujours soutenu et qui vient de lui offrir un contrat de quatre ans à la tête des Bleus, comme il l'espérait. "Entre nous, Deschamps ne doit jamais répondre, nous souffle un ancien collaborateur de Noël Le Graët. Il doit presque tout à Le Graet et il ne le trahira jamais. Il n’a jamais répondu aux polémiques ces derniers mois".
Depuis son arrivée à la tête des Bleus, Deschamps a réussi à s’isoler des différentes polémiques qui ne relèvent pas de son domaine d'intervention.
"Le champ de communication d'un sélectionneur doit rester le sportif : les prochaines compétitions, le bilan de la dernière et la protection de son groupe, avance encore Thomas Mahé. Tout ce qui est institutionnel, politique ou fédéral, ce n'est pas son champ de communication".
Quelques semaines après la finale de la Coupe du monde 2022 au Qatar, Deschamps pourrait donc s'autoriser une cure médiatique et ainsi laisser retomber le soufflé.
"Sur ce type de couac de communication, on est souvent sur des crises qui laissent peu de traces, avance Amandine Ciappa, consultante en communication de crise. Ce que je veux dire par là, c'est que c'est le genre de crise qu'on vit de plus en plus souvent et qui se ressemblent. Ça monte souvent très vite et très fort, avec une forte émotion de l'opinion publique mais qui va retomber aussi vite. Une des stratégies possibles, c'est donc la stratégie du silence. Pourtant, en communication de crise, le silence est rarement une bonne chose. Parce que quand on fait silence, c'est l'opinion publique qui parle pour vous. S'il ne dit rien, l'opinion publique va estimer qu'il a trahi un ancien coéquipier, qu'il y a une forme de lâcheté. Mais à la faveur d'une autre crise, ça peut retomber très vite".
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"De mon œil d'expert, évidemment on ne communique pas, continue Thomas Mahé. On n'attise pas le feu, ce n'est pas sa place. Je pense qu'il prendra la parole plus tard, quand tout ceci sera digéré pour se cantonner uniquement à son rôle de sélectionneur. Et ça, il sait très bien le faire. On peut parfois lui reprocher puisque ça peut manquer d'authenticité. Parfois, c'est presque un robot et je pense que dans les critiques qui lui sont adressées, il y a aussi un peu de ça. Il sait répondre à côté, il sait détourner les questions, éviter les sujets délicats… Il est très fort dans cet exercice".
Mais, à l'instar de son attaquant Kylian Mbappé, Deschamps n'aurait-il pas intérêt à se démarquer de son président, histoire que son image ne soit pas durablement associée à celle de Le Graët et à ces silences récurrents sur les sujets sensibles ?
"C'est aussi à Deschamps de voir en fonction de ses propres enjeux et de ses propres opinions, synthétise Amandine Ciappa. Le vrai enjeu pour lui, c'est de savoir ce qu'il veut faire de son image. Est-ce que, finalement, ce n'est pas si grave et il préfère ne rien dire pour ne pas remettre une pièce dans la machine ou est-ce qu'il ne peut pas accepter que l'on puisse mettre à mal l'image de Zidane, est-ce que c'est intolérable pour lui ou pas ? C'est donc à lui de faire son calcul risque/bénéfice".
Son image sera-t-elle abîmée par un nouveau silence ?
"Quand on interroge les gens sur Deschamps, je crois que le premier mot qui vient c'est 'victoire', conclut Thomas Mahé. C'est le mec qui nous fait gagner la Coupe du monde, c'est le mec qui nous fait aller en finale, celui qui nous permet de ne pas passer à côté des compétitions. C'est ça qui prédomine largement, plutôt que des reproches sur le fait qu'il ne se soit jamais mouillé sur des sujets délicats. Est-ce qu'on attend qu'il gagne des compétitions ou qu'il donne son avis sur les sujets sociétaux ? Je pense que c'est la première option qui sera toujours retenue".