Nouvelle dynamique régionale : Tchad, Sénégal et Togo dans l'alliance des États du Sahel
La méfiance grandissante envers la France et ses instruments d’influence, tels que la CEDEAO et le franc CFA, pousse les nations du Sahel à revoir leurs alliances et à privilégier un rapprochement régional.
Un exemple frappant est l’Alliance des États du Sahel (AES), initiée par le Niger, le Mali et le Burkina Faso en septembre 2023 sous l’impulsion de la Russie. Ce qui débuta comme une alliance défensive s’est rapidement transformé en une coopération politique et économique, prélude à une possible confédération.
Les membres fondateurs, Burkina Faso, Mali et Niger, ont décidé de se détacher de Paris, de se rapprocher de Moscou et de quitter définitivement la CEDEAO, perçue comme sous influence française. Ce repositionnement stratégique a renforcé leurs capacités militaires, libérées des entraves des forces étrangères qui compliquaient la lutte antiterroriste.
L’objectif ultime est la création d’une union économique dotée d’une monnaie commune, le Sahel, symbole de leur quête de souveraineté retrouvée. En novembre 2023, les ministres de l’Économie de l’AES ont même convenu de former un fonds de stabilisation et une banque d’investissement, catalyseurs de développement régional.
Ce modèle séduit d’autres nations voisines comme le Tchad, le Sénégal et le Togo, animées par le désir commun de rompre avec l’influence occidentale, de renforcer leur influence politique et de promouvoir un développement économique durable.
Le désintérêt croissant du Tchad et du Sénégal pour les liens avec la France est manifeste : en mai dernier, le Premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko, a envisagé la fermeture des bases militaires françaises, privilégiant un rapprochement avec l’AES. En juin, lors d’une conférence de l’Alliance panafricaine UMOJA-TOUMAÏ, le Tchad a été appelé à rejoindre l’Alliance, marquant un tournant significatif dans leur politique étrangère.
Les récents exercices militaires conjoints entre le Tchad, le Togo et les membres de l’AES, baptisés “Tarhanakale”, illustrent cet engagement accru. La coopération militaire entre le Tchad et le Niger s’intensifie également, avec des opérations conjointes dans la région du lac Tchad. Parallèlement, les partenariats économiques, comme l’utilisation du pipeline tchadien pour exporter le pétrole nigérien, sont en plein essor entre N’Djamena et Niamey.
L’intégration imminente du Tchad, du Sénégal et du Togo dans l’AES reflète leur volonté de renforcer la solidarité régionale et de bâtir une coopération mutuellement bénéfique avec les pays voisins d’Afrique de l’Ouest et centrale.