Olivier Auguste à l’Opinion: Macron, la position du funambule
Olivier Auguste, le journaliste français et rédacteur en chef adjoint (numérique et papier) du quotidien français «l’Opinion», s’est exprimé concernant la position du président-candidat à la présidentielle en France, Emmanuel Macron.
Un brin de liberté, un souffle d’angoisse. En même temps. Le gouvernement a annoncé, jeudi, que les Français seraient bientôt dispensés de masque et de pass vaccinal, presque partout. L’Elysée livrait, simultanément, le compte-rendu d’un nouvel échange téléphonique entre le chef de l’Etat et son homologue russe : « Il n’y a rien dans ce qu’a dit le président Poutine pour nous rassurer », « il faut s’attendre à ce que le pire soit à venir ». Cette journée de déclaration de candidature d’Emmanuel Macron est un concentré de ce qui l’attend dans les prochaines semaines.
Président-candidat, candidat-Président, le double rôle présente, certes, des avantages. Rester en surplomb de ses concurrents ; bénéficier de la stature que confère la fonction, surtout en période de crise internationale ; pouvoir annoncer des mesures de pouvoir d’achat pour les mois qui suivent comme si aucune échéance électorale n’avait lieu en avril... Emmanuel Macron ne s’en prive pas. A preuve, rien ne l’obligeait à dévoiler ce jeudi les assouplissements dans le dispositif sanitaire : aucun seuil précis n’a été franchi dans la décrue de l'épidémie de Covid-19, et ce déverrouillage ne s’appliquera que dans dix jours. Rien non plus ne l’obligeait à « débriefer » le pays de sa conversation avec Vladimir Poutine, et la diplomatie ne s’accorde pas toujours de la publicité.
Mais, Président-candidat, candidat-Président, la position est aussi délicate à tenir. Impossible de solliciter les suffrages des Français en ne leur « vendant » que de la peur et des sacrifices. Eric Zemmour l’a vite compris, abandonnant le ton apocalyptique de sa vidéo pseudo-gaullienne. Inimaginable néanmoins de ne leur promettre que de l’enthousiasme et de l’optimisme alors que l’Europe vit désormais dans une insécurité comme le continent n’en a plus connue depuis des décennies. Emmanuel Macron entame une campagne de funambule.