Lomepal signe son grand retour avec son nouvel album « Mauvais ordre » !
Après le succès de « FLIP » et « Jeannine », le plus chanteur que rappeur Lomepal revient avec un nouvel album intitulé « Mauvais ordre ».
Antoine Valentinelli, alias Lomepal, fait partie de cette génération de rappeurs qui a compris qu’être vulnérable n’est pas une tare.
Oscillant entre force et fragilité, rock et rap, skate et bus tour, Lomepal le caméléon a fait de l’entre-deux son terrain de jeu.
À l’occasion de la sortie de « Mauvais ordre », retour sur la vie et la carrière du meilleur rappeur skateur de sa génération.
En 1991, le rap français prend son envol. C’est l’année de la sortie d’albums mythiques comme « Qui sème le vent récolte le tempo » de Mc Solaar, « De la planète Mars » d’IAM, « Authentik » de Suprême NTM, mais c’est aussi la naissance d’une future rock star du rap : Lomepal.
A Paris, la fin des années 2000 sonne les débuts d’une nouvelle espèce de rappeurs qui s’inspire du son des années 90. Des groupes se forment comme 1995 ou le collectif L’Entourage.
C’est dans cette effervescence que paraît en 2013 le premier album de Lomepal intitulé « Le singe fume sa cigarette », en featuring avec le Belge Caballero. Jusqu’en 2015, les quatre premiers albums du rappeur parisien seront un mélange d’égotrip et de titres sombres.
Déjà, pourtant, la volonté d’être au sommet du rap game se fait sentir, comme dans le titre « Majesté » tiré de l’album éponyme en 2015 : « Je refuse de faire partie du commun des mortels/Putain j’ai connu la poisse moi promis juré/Mais je me suis pris en main comme la crosse d’un revolver/Juste pour avoir le droit à la vie de roi/Qui va m’empêcher de l’atteindre ? /C’est toujours plus dur quand t’es près de la fin » Le premier grand amour de Lomepal, c’est le skate.
A tel point qu’il a fait de l’album « FLIP », son premier grand succès paru en 2017, une ode à ce sport souvent mal considéré. C’est de la culture skate qu’il tire son amour pour la musique, ses clips léchés et sa nonchalance nerveuse. Avec « FLIP », il signe son dernier album de « vrai » rap. C’est dans « Jeannine » en 2018, dans lequel il raconte l’histoire de sa grand-mère schizophrène, qu’il fait un pas de côté et s’essaie à la chanson.
Il s’inscrit alors dans une tendance que d’autres suivent avec lui : Disiz, Swing ou Roméo Elvis, pour ne citer qu’eux. Lomepal, lui, chante mais réinvente surtout le genre du rap par son esthétique et ses paroles.
C’est sur la pochette de « FLIP » que c’est le plus fragrant. Il y apparaît maquillé comme à un lendemain de réveillon, un collier de perles au cou sur un fond rose qui plairait plus à Philippe Katerine (avec lequel il collaborera plus tard) qu’à Booba.
S’éloignant d’une imagerie du rap masculine presque toxique tant elle pousse à l’excès les signes extérieurs d’une prétendue virilité (grosses voitures, chaînes en or et violence), Lomepal laisse entrevoir une fragilité qui lui donne de la profondeur.
Sur ce disque, comme dans « Jeannine » ou sa réédition « Amina », le rappeur fait la part belle aux paroles sentimentales à coups de métaphores sucrées et de mélodies bien plus travaillés qu’auparavant.
Lomepal n’est plus rappeur, mais est-ce vraiment important ?
En tout cas pas pour lui, confiait-il à « France Info » en 2018 : « J’ai été critiqué de la part de débiles qui ne vivent que pour une seule question, chaque fois qu’ils écoutent un morceau : “Est-ce que c’est du rap ou est-ce que ce n’est pas du rap ?”. C’est ça leur débat. Ok ce n’est pas du rap, je m’en fous. Moi je fais de la musique, t’aimes bien, t’aimes pas, c’est ça la question. Je n’aurais jamais cru chanter un jour mais maintenant je pense que le rap est limité, parce qu’un morceau se construit aussi avec la mélodie. »
Si son album « Mauvais ordre » est tant attendu, c’est parce que Lomepal s’est fait rare, que ce soit dans la musique ou sur les réseaux.
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Après le succès de « Amina » en 2019, le rappeur a fait un burn-out, expliquait-il au magazine « Society », le 18 août dernier : « On vendait de plus en plus de tickets, tout marchait de mieux en mieux, la furie n’arrêtait jamais de monter, et ça me tuait. Je n’avais qu’une envie : prendre de longues vacances et ne réfléchir à rien. » Lomepal supprime alors tous ses réseaux sociaux et disparaît.
Il part un mois au Costa Rica avec ses proches, et quand il revient, c’est la crise du Covid qui l’attend. Parti s’isoler à la campagne, il décide d’en profiter pour apprendre à jouer des instruments acoustiques : c’est le point de départ de « Mauvais ordre » .
Que le succès ait joué des mauvais tours au mélancolique Lomepal n’est pas vraiment une surprise, tant ses morceaux aux paroles dépressives annonçaient la couleur. Le retour de Lomepal sur les ondes signe aussi son retour sur les réseaux sociaux et en tournée. Espérons cette fois que la sortie de « Mauvais ordre » ne lui donne pas le tournis selon l'obs.