L’ONU met en garde contre le risque d'«un hiver de grogne mondiale»
Le secrétaire général de l'ONU a mis en garde mardi 20 septembre devant des dirigeants du monde entier contre le risque d'«un hiver de grogne mondiale» en raison des multiples crises qui frappent l'humanité .
«La crise du pouvoir d'achat se déchaîne, la confiance s'effrite, les inégalités explosent, notre planète brûle», et malgré tout «nous sommes bloqués par un dysfonctionnement mondial colossal», a déclaré Antonio Guterres à l'ouverture de la semaine de haut niveau annuelle de l'Assemblée générale des Nations unies.
«Ces crises menacent l'avenir même de l'humanité et le destin de la planète», a-t-il estimé. «Ne nous berçons pas d'illusions. Nous sommes dans une mer agitée. Un hiver de grogne mondiale se profile à l'horizon». Malgré ces dangers, la communauté internationale est «paralysée», a regretté le secrétaire général, décrivant «une menace de divisions dangereuses entre l'Ouest et le Sud».
Après le secrétaire général, pendant plusieurs jours, des dizaines de chefs d'Etat et de gouvernement du monde entier vont prendre la parole lors de cette grand-messe diplomatique annuelle qui reprend en personne après deux années perturbées par le Covid-19.
Traditionnellement, cette première journée fait la part belle au discours du président américain qui, en tant que dirigeant du pays hôte du siège des Nations unies, s'exprime dans les premiers.
Mais exceptionnellement -comme à de très rares occasions par le passé-, ce ne sera pas le cas: Joe Biden, qui était lundi aux funérailles de la reine Elizabeth II, a décalé son intervention à mercredi.
Parmi les dangers qui menacent le monde évoqués par le secrétaire général, l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Alors que Moscou a annoncé mardi un référendum d'annexion de la région de Kherson sous contrôle de ses troupes, cette guerre sera au cœur de cette semaine diplomatique de haut niveau.
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Avec notamment une intervention mercredi du président ukrainien Volodymyr Zelensky -par vidéo grâce à une autorisation spéciale votée la semaine dernière par les États membres- et un Conseil de sécurité jeudi au niveau des ministres des Affaires étrangères. Mais les pays du Sud s'agacent de plus en plus que les Occidentaux focalisent leur attention sur l'Ukraine.
Pour tenter de répondre aux inquiétudes de certains pays, Américains et Européens organisent mardi 20 septembre une réunion ministérielle sur la sécurité alimentaire, conséquence de cette guerre dont souffre toute la planète.
Et le président français Emmanuel Macron, qui doit être à la tribune mardi en milieu de journée, va insister sur la nécessité de prévenir la «fracturation» entre pays du Nord et du Sud, indique-t-on à l'Élysée, précisant que le chef de l'État organisera un dîner sur ce thème avec plusieurs autres dirigeants.
Ces tensions provoquées par la guerre en Ukraine font écho au ressentiment Nord-Sud dans la lutte contre le changement climatique. Les pays pauvres, en première ligne des impacts dévastateurs d'un réchauffement dont ils ne sont pas responsables, se battent notamment pour que les pays riches tiennent enfin leurs promesses d'aide financière.
«Il est grand temps de dépasser ces discussions sans fin», a lancé mardi Antonio Guterres. S'en prenant aux grandes entreprises productrices d'énergies fossiles qui «se régalent» de profits gonflés par la guerre en Ukraine, il a d'ailleurs appelé les pays riches à taxer ces profits pour les «rediriger» en partie vers les pays subissant des «pertes et dommages» en raison des impacts dévastateurs du changement climatique et vers les populations subissant l'inflation.
À deux mois de la conférence sur le climat de l'ONU COP27 en Égypte, «l'action climatique est passée au second plan» des autres crises, a-t-il également dénoncé, appelant à mettre fin à «notre guerre suicidaire contre la nature».
Mardi doivent se succéder également à la tribune les présidents brésilien Jair Bolsonaro et turc Recep Tayyip Erdogan, le Premier ministre japonais Fumio Kishida ou encore le chancelier allemand Olaf Scholz.
Le président iranien Ebrahim Raïssi est également à New York cette semaine pour sa première Assemblée générale et le dossier nucléaire pourrait une nouvelle fois se retrouver au centre des discussions. Ebrahim Raïssi devait notamment rencontrer mardi Emmanuel Macron qui l'a encouragé ces derniers mois lors d'entretiens téléphoniques à accepter les conditions proposées par les Européens pour redonner vie à l'accord nucléaire de 2015 censé empêcher Téhéran de se doter de la bombe atomique en échange de la levée de sanctions asphyxiant son économie.
Cette semaine de haut niveau compte en revanche quelques absents de marque, en particulier les présidents russe Vladimir Poutine et chinois Xi Jinping.
«Les divisions géopolitiques sapent le travail du Conseil de sécurité, sapent le droit international, sapent la confiance et la foi des populations dans les institutions démocratiques», a-t-il expliqué. «Nous ne pouvons pas continuer comme ça» nous rapporte Le Figaro .