Pacte asile et migration : Le Parlement européen adopte au forceps la vaste réforme après 8 ans de travail
L'UE se dote de règles communes, la solidarité prévalant avec les pays qui enregistrent les arrivées les plus massives de migrants, pour la première fois depuis la crise de 2015-2016.
Le Parlement européen a adopté mercredi le pacte migration et asile.
Cet important et très complexe paquet législatif avait été présenté par la Commission en septembre 2020, longtemps mis de côté puis bloqué ensuite, avant d'être remis sur les rails début 2022, sous la présidence française, a cité le Figaro.
Tous les textes qui le composent - une dizaine au total - ont été votés. Ils doivent désormais obtenir le feu vert final des États membres. Ce sera une formalité. Les dirigeants des trois plus grandes familles politiques du Parlement Européen - le centre droit ou PPE, les sociaux-démocrates et Renew - veulent aller vite. À moins de deux mois des élections européennes, alors que les arrivées irrégulières et les demandes d'asile ont explosé dans l'UE, ils se prévaudront devant les électeurs d'avoir fait aboutir ce difficile dossier. De même pourl'Italienne Giorgia Meloni, qui a soutenu le pacte.
C'est «le meilleur compromis possible», a indiqué mercredi soir, son ministre de l'Intérieur, Matteo Piantedosi. C'est, en tout cas, la première fois depuis la crise migratoire de 2015-2016 que l'UE parvient à se doter de règles communes. « Un énorme pas pour l'Europe », s'est félicitée Ursula von der Leyen.
Ces derniers jours et encore juste avant les votes, beaucoup redoutaient de voir les eurodéputés rejeter les textes les plus difficiles, soit parce qu'ils imposent des règles strictes dans la gestion des migrants, soient parce qu'elles ne le sont pas assez. Si des textes avaient été rejetés, tout le pacte tombait, sachant que l'ensemble forme un fragile équilibre. « C'est maintenant ou jamais. Ce moment ne reviendra pas », mettait en garde la commissaire aux Affaires intérieures, Ylva Johansson.
Au final, les résultats ont été serrés. ECR - à l'exception des Frères d'Italie de Meloni - et I & D, où siègent le Fidezs de Viktor Orban et le RN, ont voté contre. « Bruxelles veut répartir (les migrants, NDLR). Nous, nous voulons les faire repartir ! », a dénoncé Jordan Bardella durant le débat.
Les Verts et la gauche radicale ont également voté contre. Si le PPE, les sociaux-démocrates et les libéraux de Renew ont voté en faveur du pacte, il y a eu des défections dans leurs rangs. Les socialistes italiens ont ainsi rejeté des textes parce que Meloni les soutenait.
Limiter la pression
Le pacte a été conçu autour d'un diptyque : responsabilité des pays en première ligne, solidarité des autres États membres vis-à-vis de ces pays soumis à une très forte pression migratoire. Concrètement, la réforme met en place un « filtrage » des migrants aux frontières extérieures de l'UE.
L'identification, les contrôles de santé et de sécurité, le relevé des empreintes digitales et l'enregistrement dans la base de données Eurodac devront être réalisés dans un délai de 5 jours.
Les personnes qui, au regard de leur pays d'origine, ont le moins de chance d'obtenir l'asile, seront retenues aux frontières extérieures dans des centres de détention financées par l'UE. Y compris les mineurs isolés et les familles avec enfants. Au total, 30 000 places devraient être créées dans ces centres. Dans tous les cas, les demandes d'asile devront être instruites de manière accélérée.