Un Pakistanais accusé de profanation du Coran lynché et brûlé par une foule en furie
La violence et l'indignation ont atteint un sommet tragique jeudi soir dans la vallée de Swat, située dans le nord-ouest du Pakistan, à la frontière de l'Afghanistan.
Un homme, accusé d'avoir profané un exemplaire du Coran, a été lynché à mort par une foule en furie avant que son corps ne soit incendié. Cet acte barbare s'est déroulé après que la police locale ait tenté, en vain, de le protéger en le plaçant sous garde.
Selon des responsables, l'incident a commencé lorsque des habitants de Madyan ont appréhendé l'homme, l'accusant d'avoir brûlé le livre sacré de l'Islam. La victime, dont l'identité n'a pas été révélée mais qui n'était pas originaire de la région, a été emmenée par la police dans un poste pour sa sécurité. Rapporte Le Figaro.
Cependant, des appels au rassemblement lancés depuis des mosquées locales ont rapidement attiré une foule massive devant le commissariat. En dépit des tirs de sommation effectués par la police pour disperser les manifestants, la foule a réussi à pénétrer dans le poste, à extraire l'homme et à le battre à mort. Des témoins ont rapporté que des membres de la foule ont ensuite versé de l'essence sur son corps avant d'y mettre le feu, sous les yeux impuissants des forces de l'ordre.
Un responsable local, s'exprimant sous couvert d'anonymat, a confirmé ces détails tout en ajoutant que la situation dans la zone était extrêmement tendue. Il a également mentionné que les violences avaient contraint les policiers à abandonner leur poste, et que le principal axe routier des environs était bloqué par des manifestants en colère.
Le blasphème est un sujet extrêmement sensible au Pakistan, un pays où des accusations, même infondées, peuvent provoquer des éruptions de violence meurtrières. Ce tragique incident fait suite à plusieurs autres actes similaires. Fin mai, un chrétien accusé d'avoir brûlé des pages du Coran avait été lynché dans le Pendjab et avait succombé à ses blessures début juin. En février 2023, toujours dans le Pendjab, un musulman avait été battu à mort pour des accusations similaires.
En décembre 2021, un directeur d'usine sri-lankais avait été tué et brûlé par une foule suite à des accusations de blasphème. En 2017, un étudiant avait été lynché après des rumeurs sur des commentaires blasphématoires en ligne, et en 2014, un couple de chrétiens avait été lynché et leurs corps brûlés dans un four après de fausses accusations de profanation du Coran.
Ces incidents tragiques mettent en lumière les tensions religieuses et la violence extrême que peuvent engendrer des accusations de blasphème au Pakistan. La récurrence de ces actes de violence pose des questions urgentes sur la capacité des autorités à protéger les individus accusés et à maintenir l'ordre public face à la fureur des foules.