Une coalition internationale contre Hamas, que signifie cette proposition pour la région ?
L'avion du président français Emmanuel Macron a atterri en Israël mardi, suscitant un nouveau vent de tension dans le climat déjà tendu du Moyen-Orient, poussant le Hamas à se ranger du côté de "Daech".
Le président français Emmanuel Macron a proposé que la coalition internationale de lutte contre "Daech" puisse également "combattre le Hamas", dans le cadre de sa visite en cours en Israël, sur fond de guerre en cours dans la bande de Gaza, qui dure depuis 18 jours.
Des experts arabes ont révélé, dans des entretiens séparés avec "Al-Ain News", les répercussions de la proposition de Macron sur la situation au Moyen-Orient et sa faisabilité.
L'ambassadeur Mohamed El-Araby, ancien ministre égyptien des Affaires étrangères, a déclaré à "Al-Ain News" que "la proposition de Macron ne verra pas le jour", ajoutant que "l'Occident semble manquer de sagesse politique et ne voit que l'État d'Israël, prêt à sacrifier les intérêts de ses propres pays".
El-Araby a affirmé que la sagesse exige de désamorcer les tensions, considérant que le Hamas n'est pas une organisation qui ressemble à "Daech".
L'ancien ministre égyptien des Affaires étrangères a également déclaré que "la proposition du président français signifie enflammer la région", avant de préciser que "la convergence des pays contre le Hamas signifie l'implication du Hezbollah et d'autres acteurs, ce qui élargit le cercle de guerre".
El-Araby a prédit que les pays de la coalition internationale ne répondraient pas à la proposition du président français de combattre "Daech".
De son côté, le Dr Bashir Abdel Fattah, expert politique au Centre des études politiques et stratégiques Al-Ahram, a qualifié dans un entretien exclusif avec "Al-Ain News" la proposition française de "mesure extrêmement dangereuse".
Il a déclaré qu'il était nécessaire de distinguer entre les mouvements de libération nationale et les organisations terroristes, ajoutant que la proposition de Macron "aggraverait les choses au lieu de les apaiser et donnerait à Israël une plus grande liberté pour violer le droit international et le droit international humanitaire, et commettre des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité".
Il a ajouté que la proposition "s'effondre dans l'épaule de la coalition internationale de lutte contre Daech, car tous les pays n'accepteront pas de participer à cette proposition".
Abdelfattah a souligné qu'il s'attendait auparavant à ce que la France avance cette proposition depuis que le président américain Joe Biden a comparé le Hamas à Daech lors de sa rencontre avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
Il a déclaré : "Je m'attendais à ce qu'il soit demandé de combattre le Hamas de la même manière que l'on combat Daech, à travers la coalition internationale, ce qui fournirait une couverture légale supplémentaire à Israël pour ce qu'il fait dans la bande de Gaza, sous prétexte de rechercher des dirigeants du Hamas et de combattre le mouvement".
Plus tôt, le président américain Joe Biden a déclaré que ce que le Hamas avait fait envers Israël dépassait les crimes de Daech.
Alors que l'Occident se concentre sur la condamnation du Hamas et le soutien à Israël dans ses opérations actuelles, les pays arabes insistent clairement sur la nécessité d'arrêter la guerre, d'ouvrir des passages humanitaires permanents pour acheminer l'aide à Gaza et de rejeter les politiques de sanctions collectives et de déplacement des citoyens du territoire.
La coalition internationale contre Daech a été formée en septembre 2014 et compte 86 membres, dont un grand nombre de pays occidentaux et arabes.
La coalition s'engage à lutter contre Daech sur tous les fronts, à démanteler ses réseaux et à s'opposer à ses ambitions d'expansion mondiale.
En plus de la campagne militaire en Irak et en Syrie, la coalition s'engage à s'attaquer à l'infrastructure financière et économique de Daech, à bloquer l'afflux de combattants étrangers aux frontières, à soutenir la stabilité et la restauration des services publics de base dans les zones libérées de l'emprise de Daech, et à contrer la propagande de l'organisation.
Plus tôt dans la journée, le président français Emmanuel Macron a exprimé sa solidarité avec Israël après l'attaque menée par le Hamas, la qualifiant de "page noire dans notre histoire", et a proposé une "coalition" internationale contre le mouvement palestinien qui contrôle la bande de Gaza.
Après sa rencontre avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à Jérusalem, le président français a présenté les "condoléances" d'un "pays ami attristé par l'acte terroriste le plus odieux de l'histoire d'Israël".
Des centaines de membres du Hamas se sont infiltrés en Israël depuis Gaza le 7 octobre, lors d'une attaque sans précédent qui a fait plus de 1.400 morts en Israël, dont la plupart étaient des civils, selon les autorités de Tel Aviv.
Israël a riposté en lançant des attaques aériennes et d'artillerie massives sur Gaza, ce qui, selon le ministère de la Santé du territoire contrôlé par le Hamas, a entraîné la mort de 5 791 Palestiniens, dont la plupart étaient des civils.