Paris se dit «vigilant sur l'État de droit» et provoque la colère de Giorgia Meloni
Dans un entretien au quotidien La Repubblica publié ce vendredi, la ministre des Affaires européennes Laurence Boone, interrogée sur la manière dont Paris travaillera avec le prochain gouvernement italien, répond :
«Nous serons très vigilants sur le respect des valeurs et des règles de l'État de droit».
«L'UE a déjà démontré sa vigilance à l'égard d'autres pays comme la Hongrie et la Pologne», ajoute-t-elle.
Ces déclarations, qui reprennent les inquiétudes déjà exprimées par la première ministre française Elisabeth Borne, ont provoqué l'ire de Giorgia Meloni, dont le parti post-fasciste Fratelli d'Italia a remporté les législatives du 25 septembre.
La future première ministre de la troisième économie de la zone euro, dont le gouvernement devrait entrer en fonction d'ici fin octobre, a dénoncé sur Facebook «une menace inacceptable d'ingérence contre un Etat souverain membre de l'Union européenne».
Avec ces déclarations, la ministre française «réplique la gaffe faite par la première ministre Élisabeth Borne», ajoute-t-elle. Le 26 septembre, dès le lendemain de la victoire de Giorgia Meloni, Élisabeth Borne avait prévenu que la France serait «attentive» au «respect» des droits humains et du droit des femmes à avorter.
«Je suis confiante dans le fait que le gouvernement français démentira immédiatement ces déclarations», affirme Giorgia Meloni. «L'ère des gouvernements dirigés par le PD (Parti démocrate, principal parti de gauche, NDLR) qui demandent protection à l'étranger est terminée, je crois que c'est clair pour tout le monde, aussi bien en Italie qu'à l'étranger», conclut-elle.
La coalition de Giorgia Meloni dispose de la majorité absolue aussi bien à la Chambre des députés qu'au Sénat, et les militants des droits civiques craignent un recul significatif des droits civiques, de l'avortement au mariage de personnes de même sexe, avec l'arrivée au pouvoir de partis défendant les «valeurs familiales et traditionnelles».
«Oui aux familles naturelles, non au lobby LGBT! Oui à l'identité sexuelle, non à l'idéologie du genre! Oui à la culture de la vie, non à l'abîme de la mort!» avait notamment proclamé une Giorgia Meloni survoltée lors d'un discours en juin en Espagne.
Les craintes qu'un gouvernement dirigé par Giorgia Meloni puisse violer des principes fondamentaux de l'UE sont probablement «exagérées», avait cependant estimé pour l'AFP avant les élections Mabel Berezin, sociologue de l'université américaine Cornell selon Le Figaro .