« Passing », sur Netflix : les clairs-obscurs de la « Harlem Renaissance »

Cette adaptation par Rebecca Hall du roman de l’Afro-Américaine Nella Larsen est sortie discrètement aux Etats-Unis avant d’être proposée, depuis le 10 novembre, par Netflix.
Cela commence comme dans un évanouissement, sous la chaleur torride de New York, un après-midi d’été. Mais l’image, blafarde et floue, semble bientôt revenir à elle et, dans un fondu au blanc inversé, précise peu à peu ses contours : des pas sur le trottoir, des souliers et des bas à la mode des années 1920, le visage clair et poudré, partiellement masqué derrière le voile d’un chapeau, d’une jeune cliente d’un magasin de jouets chic.
Après avoir réglé ses achats, celle-ci tressaille : la chaleur ? Le soulagement de n’avoir pas été repérée ? Car elle est noire, on l’a deviné et on le comprend dans la scène suivante, alors que la jeune femme retrouve, par hasard, dans le salon de thé d’un hôtel huppé, une amie de jeunesse.
Irene (Tessa Thompson) n’a pas tout de suite reconnu en cette blonde élégante son amie Clare (Ruth Negga), qui est parvenue, en faisant mystère sur ses origines et sa famille, à passer pour blanche – d’où le titre original du film, Passing (Clair-obscur, en français) – et, de surcroît, à se marier à un homme blanc aussi aisé que viscéralement raciste.