Le Pen et la torture en Algérie : crime individuel, crime d’État
Le livre de l’historien Fabrice Riceputi, « Le Pen et la torture », revisite le rôle du leader d'extrême droite pendant la guerre d’Algérie en 1957.
Contrairement aux conclusions précédentes, Riceputi démontre de manière détaillée que Le Pen a effectivement été impliqué dans des actes de torture. Des aveux publics de Le Pen lui-même en 1957 et 1962 attestent de sa participation. Malgré cela, jusqu'à l'an 2000, il a remporté tous les procès en diffamation intentés contre ceux qui l'accusaient de ces crimes, ceux-ci étant à la fois amnistiés et prescrits.
Le contexte politique changeant dans les années 1990 a permis une remise en question des tabous entourant les crimes de la guerre d’Algérie. Des historiens comme Riceputi ont contribué à cette réévaluation, tandis que des enquêtes journalistiques ont apporté des preuves supplémentaires, telles qu'un poignard des Jeunesses hitlériennes portant l'inscription « JM Le Pen 1er REP ». Malgré les accusations et les preuves, Le Pen a continué à nier ou minimiser son implication, bénéficiant d'un système judiciaire complaisant.
Riceputi souligne également l'« aphasie coloniale », une incapacité persistante à reconnaître les crimes commis au nom de la République française pendant la période coloniale. Il met en lumière l'ADN du Front national, imprégné d'antisémitisme et de nostalgie coloniale, même après sa prétendue « dédiabolisation » sous l'égide du Rassemblement national. Ce rappel est crucial alors que ce parti se trouve aux portes du pouvoir en France.