France: La pluie de sable venue du Sahara serait radioactive
Le désert du Sahara est durablement marqué par les retombées des essais nucléaires effectués dans les années 1960.
Le sable, porté ces derniers jours par les vents jusqu’en France, contient du césium 137, un élément radioactif, selon Le Parisien.
Un ciel teinté d’ocre, des monts enneigés aux faux airs de dunes désertiques dans les Pyrénées, les balcons, le capot des voitures, le toit des maisons recouvert d’une fine pellicule rouge… depuis deux jours, la pluie de sable en provenance du Sahara s’est immiscée un peu partout en France, rapporte la même source.
Un phénomène on ne peut plus naturel qui survient régulièrement dans l’Hexagone.
Notamment à chaque fois qu’un « phénomène de pompe » se met en place au niveau du Maghreb et que les vents de haute altitude importent au-dessus de l’Europe de l’ouest des masses d’air chaud chargé de particules.
Or, ces minuscules grains rougeâtres ne sont pas si inoffensifs que cela puisqu’ils transportent avec eux un peu… de radioactivité, explique Le Parisien.
« Comme tous les sols de l’hémisphère nord, ceux du Sahara sont marqués par les retombées issues de l’ensemble des essais nucléaires atmosphériques effectués dans les années 1960, rappelle l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN).
Ces retombées globales proviennent de plusieurs centaines d’essais atmosphériques réalisés par l’URSS (219 tirs), les États-Unis (219 tirs), la Chine (22 tirs), la France (50 tirs dont quatre au Sahara et 46 en Polynésie) et le Royaume-Uni (23 tirs) ».
« Le problème est que les sables du Sahara ont de la mémoire, que les particules de césium 137 (Cs 137) ont une durée de demi-vie de 30 ans et que l’on se retrouve donc à chaque épisode de ce type avec des niveaux de césium légèrement supérieurs à la normale, lorsque ces particules retombent en France », souligne Jacky Bonnemains, le président de l’association écologiste Robin des Bois, cité par le Parisien.
Des concentrations faibles
Il y a un an déjà, une partie de la France avait été maculée de poussières sahariennes. Dans le cadre de sa mission de surveillance de la radioactivité dans l’air, l’IRSN avait alors observé des « activités volumiques en Cs-137 » supérieures d’un facteur 1,2 à 11 par rapport à la moyenne des activités mesurées en février 2019 et 2020. Mais pas de quoi inquiéter les spécialistes de la radioactivité.
Si le phénomène est assez spectaculaire en participant notamment à jaunir le ciel, « La concentration de césium 137 présente dans les particules fines de sables sahariens était en février 2021 extrêmement faible dans l’atmosphère et au niveau du sol », rappelle Jean-Christophe Gariel, directeur général adjoint en charge du pôle santé-environnement à l’IRSN.
Les gros aspirateurs équipés de filtres utilisés par l’Institut pour évaluer le taux de césium dans l’air avaient alors permis de mesurer des concentrations dans des zones en altitude de l’ordre de 0,1 Bq/m2 sur des sols qui sont « caractérisés par des concentrations en Cs-137 de l’ordre de plusieurs centaines à plusieurs milliers de Bq/m2 liées aux retombées des essais nucléaires atmosphériques et de l’accident de Tchernobyl ».
Pas de raison que l’épisode actuel n’ait davantage d’effets. « Nous analyserons nos filtres à la fin de la semaine et l’on découvrira sans doute une légère hausse de la radioactivité mais il n’y a absolument aucune précaution à prendre », assure Jean-Christophe Gariel. À part peut-être de passer sous l’eau vos fruits et légumes du jardin s’ils sont recouverts d’une fine pellicule rouge. « Mais plus pour des raisons d’hygiène et pour ne pas vous retrouver avec du sable qui croque sous la dent », précise le responsable de l’IRSN.
Un épisode sans danger ?
« L’impact sanitaire de ces épisodes météorologiques est considéré comme négligeable par l’IRSN et sans danger pour la santé par l’Association pour le contrôle de la radioactivité dans l’Ouest (ACRO) », reconnaît Jacky Bonnemains, qui rappelle toutefois que ce « marquage radioactif issu de la fission nucléaire militaire concerne des milliers de tonnes de poussières sahariennes ».
« Aujourd’hui, on observe des dépôts diffus de poussières rouges sur les voitures, les terrasses ou les jardins mais quand il va se mettre à pleuvoir, ces sables légèrement radioactifs vont se retrouver dans les égouts puis concentrés dans les boues de traitement des stations d’épuration qui sont ensuite épandues sur les sols agricoles », rappelle le militant écologiste.
« Les dépôts en France ces jours-ci semblant plus importants que les années précédentes, il serait utile, à titre d’information et de précaution, d’aller mesurer dans les jours qui viennent les concentrations de césium 137 dans ces boues, estime Jacky Bonnemains. Notamment dans la métropole parisienne et d’autres grandes villes comme Lyon et Marseille. »