Poulet importé du Brésil en Algérie : prix, qualité, disponibilité... Tout savoir !
Avec les fluctuations continues des prix du poulet en Algérie, la question de la régulation du marché reste au cœur des préoccupations des consommateurs et des autorités.
Ces dernières semaines, le gouvernement algérien a redoublé d'efforts pour maîtriser les hausses en recourant à une solution inhabituelle : l'importation massive de poulet congelé, notamment en provenance du Brésil, lit-on dans une enquête du site d'information algérien "Algérie 360".
Mais cette stratégie peut-elle véritablement stabiliser les prix à long terme et répondre aux attentes des Algériens en matière de qualité et de disponibilité ?
Une intervention réactive face à la flambée des prix
La hausse des prix du poulet en Algérie n'est pas un phénomène nouveau. Chaque année, les consommateurs sont confrontés à des fluctuations importantes, souvent attribuées à des pratiques spéculatives ou à une régulation défaillante du marché.
Cette année, face à la pression croissante sur les prix, le ministère du Commerce a opté pour une mesure d'urgence : l'importation de poulet congelé pour inonder le marché et calmer les tensions.
Cette stratégie, bien que réactive, semble avoir porté ses fruits à court terme. Les prix, autrefois dictés par des éleveurs locaux aux pratiques parfois opaques, ont été contenus grâce à l'injection massive de stocks de poulet brésilien. Les consommateurs ont ainsi pu bénéficier de tarifs plus abordables, bien que temporairement, dans un contexte économique difficile.
Une solution temporaire, mais à quel prix ?
Cependant, les experts sont unanimes : cette approche ne peut pas constituer une solution durable. L'importation massive de poulet, bien qu'efficace pour casser les prix, ne résout en rien les problèmes structurels du marché avicole algérien.
Mustapha Zebdi, président de l'Association algérienne de protection et d’orientation du consommateur et de son environnement (APOCE), souligne que le secteur souffre avant tout d'un manque criant de réglementation.
Selon Zebdi, environ 80 % des éleveurs de volaille en Algérie ne sont pas agréés, compliquant ainsi la gestion de l'offre et rendant difficile la fixation de prix stables.
Ce manque de régulation favorise les pratiques spéculatives et fragilise le secteur face aux crises sanitaires ou économiques. Il propose la mise en place de cartes d’éleveurs provisoires, une mesure qui pourrait permettre une meilleure régulation du secteur tout en offrant une assurance aux éleveurs en cas de crise.
Qu'en est-il de la qualité du poulet importé ?
L'importation de poulet brésilien soulève également des questions quant à la qualité du produit proposé aux Algériens. Bien que le ministère du Commerce assure que des contrôles rigoureux sont effectués pour garantir que la volaille importée respecte les normes sanitaires en vigueur, certains consommateurs restent sceptiques.
La traçabilité du poulet importé est un autre point de vigilance, notamment pour éviter que ce produit ne soit commercialisé comme de la volaille locale, une pratique frauduleuse qui pourrait tromper les consommateurs.
Une disponibilité accrue, mais pour combien de temps ?
Pour l'instant, le poulet congelé brésilien est largement disponible dans les étals des marchés algériens. Mais cette abondance pourrait ne pas durer. Les stocks importés ne peuvent pallier que temporairement les insuffisances locales, et la dépendance à ces importations pose des questions de durabilité.
À long terme, le défi pour les autorités algériennes sera de réformer en profondeur le secteur avicole pour éviter de recourir systématiquement à des solutions d'urgence.
La coordination entre les différents ministères concernés, notamment ceux du Commerce et de l'Agriculture, sera cruciale pour instaurer une régulation efficace et garantir aux consommateurs des prix justes et une qualité irréprochable.
En attendant, les Algériens continuent de scruter les prix du poulet, en espérant que la stabilité retrouvée ne soit pas qu'une illusion passagère.