Poutine inaugure de nouveaux sous-marins nucléaires
Une troisième guerre mondiale ? Poutine inaugure des sous-marins nucléaires et renforce sa défense maritime
Vladimir Poutine renforce sa position militaire en mer. Le président, en déplacement dans le Grand Nord, a inauguré ce lundi deux nouveaux sous-marins nucléaires. Ces derniers rejoindront la flotte russe, promettant de continuer à « accroître la puissance navale » du pays.
Le « Krasnoïarsk » et l'« Empereur Alexandre III » étaient chacun en construction pendant près de six ans. Dans le détail, ils représentent la quatrième génération des sous-marins à propulsion nucléaire russes. Concrètement, ils retrouveront la flotte du Pacifique, basée en Extrême-Orient.
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« Ces redoutables porte-missiles, sans équivalent dans leur catégorie, entrent en service au sein de notre marine », s'est félicité le chef du Kremlin au cours d'une cérémonie de lever de drapeau à Severodvinsk, près d'Arkhangelsk, dans le nord-ouest.
« Le travail visant à accroître la puissance maritime de la Russie se poursuivra sans aucun doute », a-t-il ajouté.
Depuis le début de la guerre en Ukraine, et en réaction aux revers militaires que les forces russes ont essuyés en 2022, la Russie a entamé un renforcement - technique et financier, notamment - de son armée. Selon le président russe, huit autres sous-marins nucléaires de diverses classes sont en cours de production dans les chantiers navals russes. Vladimir Poutine a promis de renforcer la présence navale russe « dans l'Arctique, l'Extrême-Orient, la mer Noire, la mer Baltique et la mer Caspienne ».
Poutine à la conquête de l'Arctique
Et les choses avancent du côté russe dans la région de l'Arctique. Le pays muscle sans cesse son dispositif, rouvrant ou modernisant des bases et aérodromes datant de l'époque soviétique.
« La Russie a aussi déployé des missiles S-300 et S-400, rallongé des pistes pour accueillir des avions capables de transporter des bombes nucléaires et construit d'imposantes installations radar », liste Malte Humpert, fondateur du centre de réflexion américain The Arctic Institute.
En août dernier, la flotte du Nord, en charge de l'Arctique, a mené des exercices militaires, incluant plus de 8.000 militaires et plusieurs sous-marins.
« La concurrence et la militarisation accrues dans la région arctique, notamment de la part de la Russie et de la Chine, sont préoccupantes », constatait en novembre l'amiral Rob Bauer, chef du comité militaire de l'Otan. « Nous devons rester vigilants et nous préparer à l'inattendu ». Au-delà de l'aspect militaire, la région est également un enjeu stratégique du commerce maritime mondial pour Moscou.
Tensions en mer Baltique
Du côté du nord de l'Europe, les tensions se sont accrues ces dernières semaines. Dix pays du Nord de l'Europe, membres de la Force expéditionnaire conjointe (JEF) ont décidé fin novembre d'activer une « clause de défense », prévoyant le déploiement de moyens militaires supplémentaires pour protéger les infrastructures sous-marines en mer Baltique, suite à plusieurs incidents. Après le sabotage des deux gazoducs sous-marins Nord Stream l'année dernière, un gazoduc sous-marin finlandais a été endommagé le mois dernier. Les soupçons s'étaient tournés au tout début vers la Russie.
Une vingtaine de navires de guerre vont donc être déployés, afin de surveiller et protéger les infrastructures sous-marines stratégiques. « Nous devons être capables de mener ce type d'opération pour défendre nos infrastructures vitales, mais aussi pour envoyer un signal à la Russie », avait déclaré le ministre suédois de la Défense, Pal Jonson, fin novembre.
Envolée des dépenses militaires
Pour financer ce renforcement militaire, sur terre comme en mer, la Russie doit augmenter son budget. Le Parlement a entériné en octobre une envolée des dépenses militaires. Le budget militaire pour 2024 doit notamment être rehaussé de 68%. Le Kremlin avait déjà jugé fin septembre « absolument nécessaire » une telle explosion des dépenses, pour contrer « la guerre hybride » menée, à ses yeux, par les Occidentaux en soutenant Kiev, afin de soumettre Moscou à ses velléités hégémoniques. Vladimir Poutine a également ordonné début décembre d'augmenter de 15% le nombre des soldats russes.
Le conflit en Ukraine pèse fortement sur le budget, notamment en raison de l'explosion des commandes des militaires aux usines d'armements, du coût de la logistique et des salaires des centaines de milliers de nouvelles recrues dans l'armée. Selon un document du ministère des Finances consulté fin septembre par l'AFP, au global, la somme allouée à la Défense va représenter environ 30% des dépenses fédérales en 2024 et 6% du PIB, une première dans l'histoire moderne de la Russie. Rapporte La Tribune.