Présidentielle 2022: "Nos vies valent plus que leurs profits", assure Macron
Ce samedi, devant 30.000 spectateurs à La Défense Arena, à Nanterre, le président-candidat a multiplié les clins d’œil à l’électorat social-démocrate et s’est posé en rempart contre les extrêmes, écrit le NouvelObs.
Pour son seul et unique meeting d’avant premier tour, Emmanuel Macron, seul en scène durant plus de deux heures, a vu les choses en grand et n’a pas franchement fait dans la sobriété, selon la même source.
De sobriété – celle-là même qui était réclamée par le camp Macron il y a encore quelques jours aux vues de l’évolution de la guerre en Ukraine - il n’était plus du tout question à La Défense Arena de Nanterre, la plus grande salle indoor d’Europe.
Alors que la campagne entre dans sa dernière ligne droite, le candidat a voulu marquer les esprits en faisant passer deux messages : parler à sa gauche et se poser en rempart contre les extrêmes.
Aux électeurs de gauche, d’abord, il a multiplié les mots doux : « solidarité », « humanisme », « progrès », « corriger les inégalités à la racine ».
« La France est une nation solidaire, humaine, qui ne laisse personne au bord du chemin », a-t-il notamment lancé.
Des accents très différents de ceux de la conférence de presse de son programme.
Evoquant les salaires qui partent dans les factures ou les pleins d’essence, les mères obligées de renoncer à une carrière complète, il a répété « c’est injuste ».
Avec la volonté manifeste de répondre au sentiment d’injustice qui traverse le pays et sert, selon les macronistes, de carburant aux extrêmes.
Nos vies, leurs vies valent plus que tous leurs profits »
Alors que certains ténors de la majorité présidentielle observent, perplexes, la dynamique qui s’enclenche dans le camp de Marine Le Pen, Emmanuel Macron a aussi voulu préparer le second tour : il espère pouvoir non seulement compter sur l’électorat social-démocrate qui, en 2017, a essentiellement voté pour lui mais au-delà, en parlant aux autres électeurs de gauche.
A Nanterre, le Macron version 2022 a donc pris grand soin de valoriser son bilan social et sociétal : dédoublement des classes de CP et CE1 en zone d’éducation prioritaire, congé paternité allongé à 28 jours, Pass culture, PMA pour toutes.
« C’était notre projet. C’est maintenant notre bilan. Nous l’avons fait ».
Il a aussi beaucoup insisté sur ses promesses sociales pour un prochain quinquennat : minimum retraites de 1200 euros, recrutement de 50.000 aides-soignants et infirmiers, mise en place d’un compte épargne temps universel, réévaluation de l’allocation pour les mères seules, versement des aides sociales à la source.
A l’heure de faire le SAV de « la » mesure qui hérisse la gauche, à savoir la réforme du RSA et son conditionnement à une activité : Emmanuel Macron a gommé de son discours le terme «contrepartie » et lui a préféré celui d’«accompagnement ».
Égalité homme femme, protection de l’enfance, éducation, santé : Macron a également mis essentiellement l’accent sur ces grandes causes qui, traditionnellement, trouvent écho dans l’électorat de gauche. Exhumant par ailleurs à plusieurs reprises le mantra mitterrandien de 1988 « la France Unie ».
A l’évocation du scandale secouant les EHPAD, celui qui fut taxé de « président des riches » est même allé jusqu’à emprunter une citation d’Olivier Besancenot : « Nos vies, leurs vies valent plus que tous leurs profits ».
L’effet fut immédiat : Philippe Poutou s’est dit victime d’une forme de pillage. « Macron nous vole nos slogans, a aussitôt tweeté le candidat NPA. Décidément, ces gens osent tout. C’est même à ça qu’on les reconnaît ».