Présidentielle 2022 en France : discours Le Pen 24 avril
Les résultats du second tour de l'élection présidentielle tombent à 20h ce 24 avril. Quelle que soit l'issue de ce duel, elle s'exprimera sur son score ce soir. Mais où ? Et pour dire quoi ?
Qualifiée le 10 avril dernier pour le second tour de l'élection présidentielle, la chef de file du Rassemblement national avait déjà exprimé un discours enflammé suite aux résultats. Quelle réaction aura, face au score de ce soir, celle qui avait été battue par Emmanuel Macron voilà 5 ans avec 66,10% des voix ?
Une victoire de Marine Le Pen n'est pas tout à fait exclue ce dimanche : si les sondages l'ont dans leur ensemble placée derrière son rival au second tour ces dernières semaines, ils ne constituent pas des pronostics sur le vote. Le taux d'abstention, crucial, et les dynamiques de dernière intention font en effet figure d'angles morts dans les radars des sondeurs. La question est aussi : si son allocution du 24 avril prenait la forme d'un discours de défaite, comment Marine Le Pen présenterait-t-elle son après-campagne ?
Lors de son discours de réaction aux résultats du premier tour, la candidate du RN a tenu à présenter le vote de ce 24 avril comme un "choix de civilisation".
Selon elle, "ce qui se jouera le 24 avril n'est pas simplement un choix de circonstance, mais un choix de société et de civilisation". Marine Le Pen a ainsi appelé "tous ceux qui n'ont pas voté pour Emmanuel Macron" à la rejoindre.
Elle a estimé que les Français avaient "manifestement" tenu à arbitrer pour le pays un "choix fondamental entre deux visions opposées de la vie".
Elle a ici opposé la "division, l'injustice et le désordre" imposés par Emmanuel Macron "au profit de quelques-uns", à son programme qui serait celui du "rassemblement" autour de la "justice sociale et de la protection, garantis par un cadre fraternel autour de l'idée millénaire de nation et de peuple". Marine Le Pen a ainsi appelé "tous ceux qui n'ont pas voté pour Emmanuel Macron" à la rejoindre.
Elle a estimé que ce vote déterminerait, "sur tout le territoire français", la "légitime prépondérance de la culture et de la langue française, des us et coutumes de nos régions, des modes de vie des Français, des lois républicaines au premier rang desquels la laïcité et l'égalité entre les hommes et les femmes", citant ainsi pêlemêle sa conception identitaire et traditionnelle de la France à ses projets pour la parité.
L'idée d'un RN fédérateur
La candidate RN finaliste de cette présidentielle a appelé au "rassemblement des Français autour de l'idée millénaire de la France", se disant "libre des attaches partisanes durant cette campagne" et assurant qu'elle serait "la présidente de tous les Français, sans exclusivité aucune".
Elle s'est ainsi présentée comme la solution aux divisions et aux fossés qui séparent les Français : "J'entends recoudre les multiples fractures dont souffre une France trop déchirée et qu'aucun pouvoir n'a su réparer", a-t-elle assuré, citant ainsi les fracture "sociale, territoriale, institutionnelle, culturelle, médicale".
Elle s'est attachée à montrer que le vote pour sa candidature était celui qui conviendrait au plus grand nombre de Français, citant pêle mêle tout ce qui "dépendra du vote du 24 avril", comme "la place que nous voulons donner aux personnes face au pouvoir de l'argent", assurant qu'il était là question de "solidarité envers les plus vulnérables", de pouvoir "bénéficier de droits garantis", mais aussi "d'accéder à la retraite en bonne santé".
"Notre pays doit s'enorgueillir de n'abandonner aucun de ses enfants et d'assurer l'égalité", a-t-elle déclaré, toujours dans cette idée de réunir l'intégralité des Français.
Enfin, elle a voulu se projeter, affirmant que du vote des Français dépendront non seulement "les décisions politiques du prochain quinquennat", mais que ces décisions engageront la France "pour les cinquante prochaines années" sur des thématiques aussi cruciales que la "politique migratoire, sécuritaire, économique, sociale, énergétique, européenne et militaire" du pays.
"Mon ambition maîtresse est d'unir les Français via un projet qui fait la part belle aux jeunes et unit les générations", a conclu la candidate RN, persuadée de porter "un projet fédérateur" dédié à une "communauté de destins unie et invincible".
Le discours de Marine Le Pen le 24 avril
Au soir des résultats ce dimanche, les deux finalistes donneront des discours pour réagir à leurs scores respectifs.
Marine Le Pen devra ainsi s'exprimer, comme en 2017, sur sa défaite, ou, peut-être, sur sa victoire, espérée par son parti après trois candidatures consécutives. Quelles thématiques abordera-t-elle ? On peut tout d'abord s'attendre à ce qu'elle discoure sur les sujets qui lui ont été chers pendant cette campagne, de l'identité de la France, à la souveraineté nationale, en passant par la laïcité.
De fait, la représentante du RN a assuré que le fait d'opter pour son programme lors du scrutin relevait d'un "choix civilisationnel", une idée notamment développée lors de son discours du 10 avril à l'annonce des résultats du premier tour.
Que ce soit un discours de victoire ou de défaite, elle évoquera probablement ses différences, voire ses divergences avec son rival, Emmanuel Macron, qui ont été particulièrement saillantes durant le débat d'entre-deux-tours le 20 avril au soir.
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Sur les questions de pouvoir d'achat, d'immigration et de sécurité notamment, ils se sont opposés, sans jamais trouver de point d'accord.
S'il s'agit d'une défaite, on peut s'attendre à une prise de parole similaire à celle au Chalet du Lac en 2017. La candidate avait alors tenu un discours très bref, devant ses électeurs déçus du score de 33,90% dont elle avait écopé face à Emmanuel Macron.
"Le premier tour a entériné une décomposition majeure de la vie politique française par une élimination des partis anciens", avait-elle analysé, ce qui fait écho à la situation actuelle, avec les grands partis PS et LR démantelés, passés sous la barre des 5%.
La rhétorique du choix civilisationnel entre elle et Emmanuel Macron était née à ce moment, lorsqu'elle avait théorisé le second tour comme un "clivage entre les patriotes et les mondialistes".
Marine Le Pen avait dit miser sur le "grand choix" des législatives, promettant d'être "à la tête de ce combat". Après avoir instigué un semblant de transformation du Front national pour casser l'héritage d'avec le parti de son père, Marine Le Pen avait donné l'impression de vouloir faire table rase de l'identité historique de son parti.
"Le FN doit lui aussi profondément se renouveler. Je proposerai donc d'engager une transformation profonde de notre mouvement afin de créer une nouvelle force politique", avait-elle lancé en clôture de discours.
En 2022, alors qu'elle a refondé le FN en le transformant en RN en 2018 et qu'elle a opté, durant cette campagne, pour une stratégie de "dédiabolisation" avec des prises de parole moins virulentes à l'encontre des minorités (et aidée par le candidat Eric Zemmour, une figure de l'extrême-droite encore plus radicale), on s'interroge sur le comportement qu'elle adoptera en cas de défaite.
Ce discours du 24 avril pourrait acter le début d'une fin de la carrière de Marine Le Pen, voire un début de retrait de la vie politique, après trois tentatives infructueuses à la présidentielle.
Dans tous les cas, elle devrait se focaliser sur les élections législatives à venir en juin, cruciales pour l'avenir politique du pays.
Dans cette perspective, Marine Le Pen pourrait acter un nouveau chapitre de la droite souverainiste et nationaliste, avec l'horizon d'alliances nouvelles pour l'avenir, avec désormais un parti zemmouriste capable de rassembler des centaines de milliers d'électeurs voir davantage.
Et le Rassemblement national aura un rôle majeur dans la recomposition politique de la droite, LR étant manifestement destiné à se réduire comme peau de chagrin, avec encore davantage de divisions : certains cadres se rapprochement de LREM d'autres vers le RN.
Le discours de Marine Le Pen du 10 avril
Après avoir découvert les résultats du premier tour le 10 avril, la finaliste Marine Le Pen s'était exprimée devant ses soutiens, vers 20h30.
Elle avait donné son discours de ralliement en direct de son QG de campagne, dans le XXe arrondissement de Paris. Elle a annoncé voir dans ce résultat "l'espoir que se lèvent les forces de redressement du pays."
"Français de métropole, d'outre-mer et du monde. Pour ce vote, je vous remercie avec ma plus sincère gratitude.
J'en mesure avec humilité toute la responsabilité" a déclaré la candidate du RN pour initier son discours de fin de premier tour, acclamée par des soutiens qui scandaient "on va gagner" à l'envi.
Lors de ce discours, la candidate RN a rappelé les thématiques fortes de son programme, comme le contrôle de l'immigration, les questions sécuritaires, le RIC ou encore la "défense de la laïcité".
Marine Le Pen a appelé "tous les Français de toutes sensibilités, toutes origines, à rejoindre ce grand Rassemblement national et populaire. "Ensemble, nous allons reconstruire cette victoire pour mettre en œuvre cette grande alternance dont la France a besoin pour conduire avec honneur notre pays dans le troisième millénaire", a-t-elle assuré.