PRISON : Elle lance une marque de vêtements fabriqués par des détenus : « Ça donne du sens à leur peine »
Mathilde Cervières, 31 ans, a lancé la première marque française de vêtements fabriqués en prison.
Ces derniers sont confectionnés par des détenus de la maison d’arrêt de Toulouse-Seysses (Haute-Garonne).
Selon la fondatrice, l’objectif est de leur permettre de donner du sens à leur détention, de participer à leur réinsertion et de favoriser la prévention de la récidive.
S’ils ressemblent à n’importe quels autres vêtements vendus dans le commerce, ceux proposés par la marque Populère sont pourtant bien différents.
Ils ont tous été fabriqués par des personnes détenues en prison.
Une initiative inédite en France, que l’on doit à Mathilde Cervières, une ancienne conseillère pénitentiaire engagée depuis de nombreuses années dans le milieu carcéral.
« J’ai toujours eu à cœur de pouvoir développer un projet dans ce milieu afin de le désacraliser, de faire changer les regards et les mentalités », nous explique la Toulousaine de 31 ans.
Fin 2020, pendant le confinement, elle a l’idée d’organiser un atelier de couture encadré dans le quartier des femmes de la maison d’arrêt d’Agen. Une première expérience couronnée de succès.
« J’ai constaté que les détenues étaient très motivées et très fières à l’idée de concevoir quelque chose qui sert à la société. » Quelques mois plus tard, elle démissionne pour se consacrer totalement à « ce projet qui a du sens ».
En janvier 2023, après plus d’un an de persévérance, elle lance Populère, la première marque française de vêtements fabriqués en prison.
L’atelier de couture est installé au sein du centre pénitentiaire de Toulouse-Seysses (Haute-Garonne). Quatre détenus ont été embauchés.
« Il y avait beaucoup de volontaires, affirme Mathilde Cervières. Nous avons réalisé un vrai recrutement, comme n’importe quelle société. Nous nous sommes principalement basés sur la motivation car c’est un élément essentiel. »
Chaque demande a été étudiée et validée par le chef de la prison et des magistrats. Une évaluation psychologique a également été effectuée.
Les quatre hommes, qui bénéficient d’un contrat d’emploi pénitentiaire, ont été formés pendant plusieurs semaines par une couturière professionnelle qui les épaule encore aujourd’hui.
Pour l’instant, les ateliers ont lieu deux jours par semaine. Les détenus utilisent les quatre machines à coudre à leur disposition pour confectionner des t-shirts et des sacs.
« Ils réalisent toutes les étapes de fabrication. Ils commencent par la découpe et finissent par le repassage. » Ils gèrent également l’étiquetage et l’emballage des produits.
« Tout se passe très bien, ils sont exemplaires ! »
L’objectif principal de Populère est de donner du sens à la peine carcérale. « L’idée, c’est de la rendre utile afin de réellement participer à la réinsertion des détenus. On sait très bien que le travail est primordial pour lutter contre la récidive. »
Cela leur permet aussi de gagner un peu d’argent, d’acquérir de nouvelles compétences, d’accepter le rapport à l’autorité, d’apprendre l’entraide et le rapport à l’autre.
« Ils comblent également leur ennui. Ils sont très nombreux à vouloir travailler mais l’offre est insuffisante, assure la trentenaire. Ils veulent prouver à la société qu’ils sont capables de faire quelque chose. »
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Justement, la Toulousaine aimerait pouvoir recruter davantage de détenus. Des hommes mais aussi des femmes. Mais cela demande une importante organisation ainsi que des fonds et du matériel supplémentaire.
Elle a donc décidé de faire appel à la solidarité en lançant une campagne de financement participatif. Si vous souhaitez soutenir son projet, il faut faire vite car la campagne prendra fin vendredi 14 avril 2023. Plus de 120 précommandes ont déjà été effectuées.
« Je suis très contente et fière car cela veut dire que le concept plaît. Le but, c’est aussi de donner du sens à l’achat du consommateur. »
Pour l’heure, la marque Populère ne propose que des t-shirts et des sacs, a repéré Le Parisien . « Mais d’autres produits viendront, comme des sweats par exemple », nous confie Mathilde Cervières, en précisant que les vêtements « sont tous entièrement fabriqués à partir de tissu recyclé ».
Afin de développer davantage sa société et d’embaucher plus de détenus, elle aimerait nouer des partenariats avec d’autres marques. En attendant, celle qui gère seule l’entreprise travaille sur l’élaboration d’un site Internet qui devrait voir le jour d’ici quelques mois.