Qualité de l’eau en Europe : un rapport alarmant pointe une détérioration croissante
Un rapport de l’Agence européenne de l’environnement, publié le 15 octobre, dresse un constat inquiétant sur l’état des eaux en Europe.
L’étude, la plus vaste réalisée à ce jour, repose sur des données provenant de 19 États membres de l’UE. Elle révèle que la pollution, la surexploitation des ressources et les effets du changement climatique dégradent considérablement la qualité des eaux européennes.
Sur les 120 000 masses d’eau analysées, qui incluent des lacs, rivières, eaux côtières et 3,8 millions de km² d’eau souterraine, seulement 37 % des eaux de surface sont en bon état écologique. Les eaux souterraines affichent un meilleur score, avec 77 % en bon état.
« La situation de nos eaux est préoccupante. Elles sont confrontées à des défis sans précédent, menaçant la sécurité hydrique du continent », a déclaré Leena Ylä-Mononen, directrice de l’Agence européenne de l’environnement.
L’agriculture intensive, avec l’emploi de pesticides et de nitrates, figure parmi les principaux responsables de cette pollution, tandis que des polluants persistants, comme le mercure provenant de la combustion du charbon, continuent d’affecter les eaux de surface.
L’agence insiste sur l’urgence de revoir les pratiques agricoles pour les rendre plus durables et moins consommatrices en eau, tout en s’adaptant aux défis posés par le réchauffement climatique. « Il est impératif d’adopter des méthodes agroécologiques plus respectueuses de l’environnement et de modifier nos habitudes alimentaires », recommande le rapport.
En outre, la pénurie d’eau affecte déjà 20 % du territoire européen et 30 % de la population. Sans changement significatif, la situation pourrait encore se détériorer, menaçant la cohésion de l’Union européenne.
En France, la situation est tout aussi préoccupante. L’ONG Générations Futures dénonce un sous-évaluation de la pollution des eaux par les pesticides. Elle a identifié 56 métabolites de pesticides, issus de leur dégradation, qui ne sont pas surveillés, bien qu’ils puissent dépasser les limites réglementaires et contaminer les eaux souterraines. Parmi eux, l’acide trifluoroacétique (TFA), un composé persistant dérivé de polluants éternels comme les PFAS, est particulièrement préoccupant. Ces substances, utilisées dans divers produits industriels et domestiques, se retrouvent dans les sols, l’eau, et même les zones de captage d’eau potable.