Qui était Gustave Eiffel, l’homme derrière la tour ?
"Je vais être jaloux de cette tour, a dit un jour Gustave Eiffel. Elle est plus célèbre que moi.
" Il avait raison : la tour Eiffel, qui a soufflé ses 130 bougies, reste le symbole inébranlable de la France, tandis que le millier d’autres œuvres de Gustave Eiffel a sombré dans l’oubli. Retour sur le parcours du parcours du créateur de la Dame de Fer dont on célèbre cette année le centenaire de sa mort.
La France, en pleine Révolution industrielle, se couvre de voies ferrées, de ponts et de charpentes en acier. Une tour de fer puddlé de 324 mètres de haut, à l’esthétique novatrice, s’apprête à faire entrer son concepteur dans la légende.
L’homme aux ponts
Gustave Bonickhausen dit Eiffel naît en 1832 à Dijon, en Bourgogne. Il fait ses premiers pas dans la chimie à l'École centrale des arts et manufactures de Paris, mais choisit finalement, une fois diplômé, de s’orienter vers la métallurgie. Le jeune ingénieur se fait embaucher en 1858 pour construire un pont ferroviaire sur la Garonne. Collaborant avec Paul Régnauld, ingénieur en chef de la Compagnie des Chemins de fer du Midi, il assume à 26 ans la direction du chantier. Ce premier succès précoce crée sa réputation.
Il invente alors les ponts portatifs, livrés en kit partout dans le monde. En France, ses ouvrages traversent la Dordogne à Cubzac, le Thouet à Thouars… L’un de ses chefs-d’œuvre est le pont Maria Pia sur le Douro, au Portugal, achevé en 1877. Quelques années plus tard, l'ingénieur des ponts et chaussées Léon Boyer confie la réalisation du viaduc de Garabit à Gustave Eiffel. Un arc énorme, doté d’une portée de 165 mètres, soutient le tablier du pont : il s’agit d’un record du monde.
La tour Eiffel
Mais c’est une autre exposition Universelle, celle de 1889, qui apporte à Gustave Eiffel la notoriété. Dès 1880, il avait été décidé qu’on présenterait à cette occasion une tour métallique de 1 000 pieds, soit 300 mètres. Le projet de Gustave Eiffel et de deux ingénieurs de son équipe, Maurice Koechlin et Émile Nouguier, remporte le concours : la construction de la tour Eiffel est lancée en 1887. En deux ans et deux mois, l’édifice est terminé.
Pourtant, l’entreprise ne fait pas l’unanimité. Des articles pamphlétaires lui sont consacrés dès 1886 et en 1887, le journal Le Temps publie une lettre ouverte, la "Protestation des artistes contre la tour de M. Eiffel". Une cinquantaine d’hommes d’arts et de lettres, parmi lesquels Alexandre Dumas fils, Guy de Maupassant et Émile Zola, dénoncent "une tour vertigineusement ridicule, dominant Paris". "Pendant vingt ans, écrivent-ils, nous verrons s’allonger sur la ville entière, frémissante encore du génie de tant de siècles, comme une tache d’encre, l’ombre odieuse de l’odieuse colonne de tôle boulonnée."