Le Retour des Régimes Militaires en Afrique de l'Ouest : Une Transition en Cauchemar
Le terme "transition" semble désormais un mot dénué de sens en Afrique de l'Ouest, où il est devenu synonyme de chaos et de dérive autoritaire.
Dans des pays comme le Mali, la Guinée, le Burkina Faso et le Niger, les militaires, après avoir pris le pouvoir par la force, ont balayé les principes de démocratie, de droits humains et de respect des calendriers électoraux. À Bamako, Conakry, Ouagadougou et Niamey, les discours sur la transition sont devenus obsolètes. Ce qui se cache derrière cette notion est un retour triomphal du pouvoir militaire, rappelant les heures sombres des régimes de Mobutu et Bokassa
Un Pouvoir Militaire Implacable
Les autorités militaires en place n’ont cessé de durcir leur prise sur le pouvoir, imposant un silence assourdissant aux voix de l’opposition et des organisations des droits de l'homme. Le paysage politique est plongé dans une atmosphère de répression systématique.
Ukraine : lourdes pertes pour les soldats nord-coréens à Kour
En Guinée, sous le régime de Mamadi Doumbouya, plusieurs figures politiques et journalistes ont disparu sans laisser de trace. Foninké Menguè et Billo Bah sont toujours introuvables, tout comme l'ancien secrétaire général des mines, Saadou Nimaga, et le journaliste Habib Marouane Camara. Le silence du gouvernement est d'autant plus insupportable que les familles et les citoyens n'ont aucune réponse sur le sort réservé à ces disparus.
Répression des Médias et Censure
Dans ces pays, la répression s'étend aussi aux médias. Au Mali, l'armée, après avoir pris le pouvoir, a pris la décision de museler la chaîne privée Joliba TV, notamment après une émission où un invité avait qualifié la tentative de déstabilisation du Burkina Faso de "mise en scène". Cette décision n'a pas même été prise par les autorités maliennes, mais sur demande du Burkina Faso voisin.
Un exemple de la solidarité entre régimes militaires, où l'esprit de clan l'emporte sur l'indépendance des médias. La situation au Mali est d'autant plus préoccupante que l'armée a également emprisonné plusieurs dirigeants politiques, notamment ceux du M5, un mouvement d'opposition, pour avoir organisé une réunion non autorisée
La Répression au Niger
Au Niger, le gouvernement militaire poursuit sa répression, notamment envers les figures de l'opposition et de la société civile.
L'ancien président Mohamed Bazoum, renversé en juillet, reste incarcéré dans des conditions de plus en plus inhumaines, sans procès à l’horizon. L’arrestation de Moussa Tchangari, un acteur majeur de la société civile, est un autre exemple de l'intolérance du régime envers toute forme de dissidence.
Tchangari a été arrêté en raison de son soutien indéfectible à Bazoum et de ses critiques sévères à l'égard de la dictature militaire en place. Son sort reste incertain, mais il témoigne de la répression accrue dans ce pays.
Des Régimes Militaires Qui S’Installent
Les régimes militaires en Afrique de l’Ouest ne se contentent plus de simples coups d'État, mais cherchent à imposer une forme de gouvernance autoritaire sur le long terme.
Le mot "transition" n’a plus de place dans leur vocabulaire ; il est remplacé par une normalisation inquiétante du pouvoir militaire. Les gouvernements des généraux, peu enclins à répondre aux exigences démocratiques ou aux droits fondamentaux, laissent place à un climat de répression totale. Ces régimes, loin de promouvoir la stabilité, plongent leurs pays dans un cycle de violence et d’instabilité, marqués par des arrestations arbitraires et des violations systématiques des droits humains.
Le spectre d'une Afrique où le pouvoir militaire devient la norme, plutôt que l'exception, semble se profiler à l'horizon.