Retraites : les renseignements prévoient 450 000 à 650 000 manifestants jeudi 16 février à travers la France
Un ultime round d'observation avant la grande démonstration de force du 7 mars prochain.
À la veille de la cinquième journée de mobilisation contre le projet de réforme des retraites, l'exécutif ne s'attend pas à une déferlante de colère immédiate.
Selon les dernières prévisions portées à la connaissance du Figaro, les analystes de la Place Beauvau estiment qu'entre 450 000 et 650 000 personnes vont descendre dans les rues de France ce jeudi. Soit une mobilisation qui serait en net recul par rapport à celle de samedi dernier, qui a réuni 933 000 personnes notamment parmi les familles profitant du week-end pour battre le pavé. Soit également la moitié du 31 janvier qui avait réuni, selon le ministère de l'Intérieur, quelque 1,27 million d'opposants au projet gouvernemental.
Surpris par l'ampleur de la première mobilisation du 19 janvier dernier, qui avait mobilisé 1,1 million de personnes, les services de renseignement imputent ce prévisible reflux à un «effet vacances», dans lesquelles se trouvent les élèves de la zone A qui comprend les académies de Besançon, Bordeaux, Grenoble, Limoges, Lyon et Poitiers ainsi que ceux de la zone B regroupant Aix-Marseille, Amiens, Caen, Lille, Nancy-Metz, Nantes, Nice, Orléans-Tours, Reims, Rennes, Rouen et Strasbourg.
«À cette période démobilisatrice, se greffe en outre un début de lassitude qui guette dans les cortèges, juste après 4 journées d'action consécutives et avant l'appel à la grève générale le 7 mars prochain», confie au Figaro une source informée.
La «France des sous-préfectures» Mobilisée Pour l'heure, le mouvement de grogne demeure cependant solide autour des huit syndicats organisateurs. Les analystes policiers en sont persuadés : la fissure, tant redoutée par le front des opposants au projet de réforme, pourrait intervenir au lendemain de cette date butoir.
En effet, la position jusqu'au-boutiste allant jusqu'au blocage du pays et prônée notamment par les plus radicaux de la CGT risque ne pas être suivie par des organisations plus «réformistes» comme la CFDT. Selon nos informations, l'État redoute une paralysie dans les secteurs des mines et de l'énergie, des ports et des docks ainsi que celui des transports routiers et ferroviaires.
Dans les régions, la mobilisation reste profondément enracinée. «Plus que jamais, l'opposition mobilise la France des sous-préfectures», décrypte un stratège policier. Surpris par la mobilisation dans les moyennes et petites villes de France le 19 janvier dernier, les services spécialisés n'ont pas vu venir les 4 000 manifestants à Guéret (Creuse), les 5 000 à Troyes ou encore à Épinal.
Et encore moins les 1 000 répertoriés à Verdun ou les 550 à Saint-Junien, en Haute-Vienne. «Du jamais-vu, soufflait fin janvier un cadre de la police. Cela montre l'ampleur de la cristallisation de la colère jusque dans la profondeur des territoires, où le sentiment de déclassement prédomine.
Nous sommes dans la continuité de l'esprit «gilets jaunes» dont la colère n'est pas soldée.» C'est d'ailleurs à Albi, ville d'Occitanie qui a réuni 10 000 manifestants selon la police à chacune des deux premières manifestations, que les huit secrétaires généraux des organisations syndicales se sont donné rendez-vous ce jeudi. Toujours selon nos informations, entre 40 000 à 70 000 manifestants sont attendus à Paris.
Rennes et Nantes, comme le lait sur le feu
Une moindre affluence ne veut pas dire moins de menaces de violence, bien au contraire.
«Dans la mesure où les défilés s'annoncent plus clairsemés, les «black blocs» risquent d'avoir davantage d'espace pour passer à l'action avant de
retourner dans les rangs», observe un spécialiste du maintien de l'ordre. Si la contestation peine à prendre dans le milieu lycéen et étudiant, les fiefs d'ultra-gauche (Grenoble, Lyon, Toulouse, Montpellier) seront scrutés comme le lait sur le feu.
Rennes, théâtre d'échauffourées et où trois CRS ont été blessés, dont un sérieusement, samedi dernier par un cocktail Molotov, sera particulièrement surveillé. Il en sera de même à Nantes, où les mouvements les plus radicaux ont appelé à une «marche aux flambeaux» et à hauts risques fédérant toute une galaxie composée d'«antifas», d'«anticapitalistes», d'anarcho-autonomes mais aussi des féministes ou encore des «éco-guerriers» proches de la mouvance Extinction Rébellion,selon le Figaro.