Rétrospective 2024 : Tumulte et transformations au Moyen-Orient
La mort de Sinwar, la fuite de Bachar al-Assad et l'escalade Israël-Iran ont redéfini les dynamiques du Moyen-Orient en 2024, affectant la stabilité régionale.
L'année 2024 a été marquée par une série d'événements dramatiques au Moyen-Orient, notamment l'assassinat de Hassan Nasrallah, la mort de Yehya Sinwar à Gaza, les attaques des Houthis contre des navires, ainsi que d’autres développements majeurs affectant la région. Ces événements ont profondément affecté les dynamiques géopolitiques et militaires du Moyen-Orient.
L'attaque de l'Iran contre Israël :
L'une des escalades majeures en 2024 a été l'attaque de l'Iran contre Israël en juin. En réponse à l'intensification de la guerre à Gaza et aux frappes israéliennes contre ses alliés, l'Iran a lancé une série de missiles balistiques et de drones depuis ses bases sur son territoire, visant plusieurs sites stratégiques en Israël. Cette attaque a ciblé des infrastructures militaires clés, notamment des bases aériennes, des systèmes de défense antimissile, ainsi que des sites nucléaires et des installations de stockage de matériel militaire à travers le pays.
Les frappes ont été particulièrement violentes, se produisant en pleine nuit, dans un cadre d’attaque coordonnée pour déstabiliser Israël. Les premières explosions ont frappé des zones sensibles, notamment le nord d'Israël et des infrastructures dans le désert du Néguev, augmentant les craintes d'une guerre à grande échelle. Les autorités israéliennes ont immédiatement réagi en mettant en place des systèmes de défense aérienne, mais plusieurs missiles ont franchi la ligne de défense, causant des pertes matérielles importantes et des victimes.
Le gouvernement israélien a dénoncé l'attaque iranienne comme un acte de guerre, et une menace de vengeance a rapidement été émise par le Premier ministre israélien, affirmant que "toute attaque contre Israël serait suivie de représailles massives". Israël a réaffirmé sa volonté de neutraliser les installations nucléaires iraniennes et de continuer ses frappes contre des cibles militaires iraniennes en Syrie et au Liban, où les milices pro-iraniennes sont présentes. Cette attaque a exacerbé les tensions régionales et internationalement, entraînant une série de sanctions économiques contre l'Iran et un renforcement de la présence militaire des États-Unis et de leurs alliés dans la région.
La mort de Yahya Sinwar à Gaza :
Le 16 octobre 2024, Yahya Sinwar, chef politique et militaire du Hamas, a été tué lors d'une escarmouche avec une patrouille israélienne à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza. Sinwar, responsable des attaques du 7 octobre 2023 et l'un des hommes les plus recherchés par Israël depuis lors, est mort alors qu'il tentait d'échapper à une opération israélienne de capture.
Son corps a d'abord été identifié provisoirement sur des images de reconnaissance aérienne prises par un drone israélien. Afin de confirmer son identité, des enquêteurs ayant précédemment interrogé Sinwar durant sa détention en Israël, ainsi qu'un dentiste, ont été appelés à examiner le corps. Ce dernier a été transféré en Israël, où le ministre des Affaires étrangères israélien a confirmé plus tard la mort de Yahya Sinwar.
La mort de Sinwar a été un coup dur pour le Hamas, affectant la structure de commandement du mouvement. Bien que l'organisation ait immédiatement désigné de nouveaux dirigeants pour prendre en charge les opérations militaires et politiques, la perte de Sinwar a laissé un vide significatif dans le leadership du Hamas.
La guerre à Gaza a continué de se traduire par des destructions massives, avec des milliers de civils palestiniens tués et des infrastructures vitales anéanties par les frappes israéliennes. Israël a intensifié ses raids aériens en réponse aux attaques du Hamas, tandis que ce dernier a continué de tirer des roquettes sur le territoire israélien, entraînant une violence et des souffrances humaines sans précédent.
Les répercussions de ces événements ont profondément marqué la politique israélienne et palestinienne, redéfinissant les relations dans la région. Le 7 octobre reste un symbole du conflit de Gaza, dont les effets dévastateurs se prolongent bien au-delà de 2024.
L'assassinat de Hassan Nasrallah :
L'un des événements les plus marquants de 2024 a été l'assassinat de Hassan Nasrallah, leader du Hezbollah, en mars. Contrairement à ce qui avait été rapporté initialement, l'attaque israélienne ne s'est pas produite lors d’un raid sur un convoi, mais plutôt lorsque Nasrallah était en réunion dans un bunker secret sous-terrain à Beyrouth. Un raid aérien israélien a frappé ce bunker en utilisant des missiles de haute précision, tuant Nasrallah et plusieurs de ses plus proches collaborateurs présents lors de cette réunion.
Cette frappe israélienne s'inscrit dans une série d'actions menées par Israël visant à éliminer les leaders du Hezbollah, considéré comme une menace directe pour sa sécurité nationale en raison de son soutien aux milices armées en Syrie et de son rôle clé dans les attaques contre Israël. L'attaque a créé une onde de choc au Liban et a intensifié les tensions régionales, avec des milices pro-Hezbollah et des alliés de l'Iran promettant des représailles.
Suite à sa mort, le Hezbollah a rapidement désigné Imad Moughnieh II, un commandant militaire expérimenté et bras droit de Nasrallah, pour prendre les rênes du groupe. Moughnieh II, bien que discret et moins médiatisé que son prédécesseur, est reconnu pour sa fidélité à la ligne dure du Hezbollah et pour son implication dans de nombreuses opérations contre Israël. Son arrivée à la tête du mouvement a renforcé la présence militaire du groupe au Liban, bien que certains analystes soulignent qu'il pourrait avoir plus de difficultés à maintenir l'unité du groupe, étant donné le vide laissé par Nasrallah et les tensions internes croissantes au sein du Hezbollah.
Les Houthis ciblent les navires dans le cadre de la guerre à Gaza :
En 2024, les Houthis ont intensifié leurs attaques contre des navires dans la mer Rouge en réponse aux tensions croissantes dans la guerre à Gaza. En avril, un navire pétrolier saoudien a été frappé par un missile Houthi, provoquant une importante fuite de pétrole qui a affecté les marchés mondiaux. Ces attaques ont été menées comme une forme de représailles contre les pays du Golfe soutenant Israël et ont visé des navires battant pavillon israélien ou américain.
Les Houthis, soutenus par l'Iran, ont intensifié leurs attaques pour perturber le commerce maritime et exercer une pression sur les pays occidentaux impliqués dans le conflit israélo-palestinien. Bien que la coalition dirigée par l'Arabie saoudite ait réagi avec des frappes aériennes sur les positions Houthies, la guerre dans le golfe d'Aden et la mer Rouge a continué d'affecter la sécurité de la navigation dans cette région stratégique.
La chute du régime de Bachar al-Assad en Syrie :
En décembre 2024, après des mois d'intenses offensives menées par les factions rebelles contre les positions du régime, Bachar al-Assad a été contraint de fuir le pays. Les forces rebelles ont pris le contrôle de plusieurs zones stratégiques autour de Damas et d'Alep, mettant la pression sur le régime. Face à la déstabilisation croissante et à la montée de la rébellion, le régime syrien, soutenu par la Russie et l'Iran, a vu son autorité fragilisée.
Sous pression, Bachar al-Assad a pris la décision de fuir en décembre 2024. Il a été évacué sous escorte russe et s'est réfugié en Russie, où il a trouvé une protection et un soutien logistique. Cette fuite marque la fin de près de 25 ans de domination du régime, bien que les forces loyalistes et les alliés russes et iraniens continuent de maintenir une présence dans le pays pour éviter un effondrement total.
La Russie a immédiatement renforcé sa présence militaire en Syrie, en sécurisant ses bases stratégiques et en soutenant les milices loyalistes pour maintenir une certaine stabilité dans le pays. Ce développement a également redéfini les rapports de force en Syrie, créant un vide politique et sécuritaire.
Le rôle croissant de l'Iran et de la Russie dans la région :
2024 a vu une continuation du soutien de l'Iran et de la Russie aux régimes alliés au Moyen-Orient. En Syrie, après la fuite de Bachar al-Assad, la Russie a consolidé sa position en renforçant ses bases militaires et en cherchant à stabiliser le pays sous son influence. L'Iran a continué de soutenir les milices chiites en Syrie, contribuant à la résistance des forces loyalistes et à l'instabilité continue du pays.
En parallèle, l'Iran a renforcé ses positions au Liban et en Irak, augmentant ses efforts pour étendre son influence dans la région et contrer les attaques israéliennes et les sanctions internationales.
Le conflit au Yémen et les répercussions régionales :
Le Yémen est resté un terrain de conflit majeur en 2024, avec les Houthis poursuivant leur guerre contre la coalition dirigée par l'Arabie saoudite. Les attaques contre les infrastructures pétrolières saoudiennes et les ports stratégiques ont exacerbé les tensions régionales et ont continué d'affecter l’économie mondiale. Les Houthis ont intensifié leur offensive en ciblant les installations pétrolières et les navires marchands dans le détroit de Bab el-Mandeb, aggravant ainsi la crise humanitaire qui touche déjà le pays.
L’année 2024 a été une année charnière pour le Moyen-Orient, marquée par l’assassinat de figures emblématiques telles que Hassan Nasrallah et Yehya Sinwar, la fuite de Bachar al-Assad en décembre 2024, et par l’intensification des conflits régionaux. La montée en puissance des Houthis, le renforcement du rôle de l’Iran et de la Russie, ainsi que les tensions croissantes en Syrie et au Yémen, ont redéfini les rapports de force dans la région. Les défis politiques, militaires et économiques auxquels la région est confrontée laissent entrevoir un avenir incertain, avec des répercussions potentielles pour la stabilité mondiale.