Le mercredi 3 juillet 2024 marque la fin d'une ère avec le décès de Roland Dumas, à l'âge de 101 ans.

Ancien ministre des Affaires étrangères sous François Mitterrand et président du Conseil constitutionnel de 1995 à 2000, Roland Dumas a laissé une empreinte indélébile sur la politique française et le monde juridique.

Un fidèle de mitterrand et un diplomate de premier plan

Né le 23 août 1922 à Limoges, Roland Dumas est marqué par la tragédie dès son jeune âge lorsque son père est fusillé par les nazis en 1944. Cette épreuve forge sa détermination et son engagement dans la Résistance dès 1942. Après la guerre, il monte à Paris, se tourne vers le journalisme et rejoint le barreau en 1950.

Sa rencontre avec François Mitterrand, dans des cercles d'anciens résistants, est déterminante. Proche du futur président, Dumas devient député de la Haute-Vienne en 1956 et défend Mitterrand dans l'affaire de l'attentat des Jardins de l'Observatoire en 1959. Leur collaboration s'intensifie au fil des années, jusqu'à ce que Mitterrand accède à la présidence en 1981.

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Dumas est nommé ministre des Affaires européennes en 1983, puis ministre des Affaires étrangères en 1984, rôle qu'il retrouve en 1988. En tant que chef de la diplomatie française, il joue un rôle crucial dans la réunification allemande, démontrant son talent de négociateur et sa profonde compréhension des enjeux internationaux.

Avocat de renom et homme de réseaux

Roland Dumas est également une figure emblématique du barreau de Paris. Défenseur de personnalités illustres telles que Chagall, Picasso, Jacques Lacan, et Jean Genet, il est reconnu pour son intelligence fulgurante et sa capacité à aborder des dossiers complexes et sensibles. Son engagement pour des causes controversées, comme la défense de Francis Jeanson pendant la guerre d'Algérie ou l'affaire Ben Barka, souligne son courage et sa détermination.

En 1980, il rejoint le Grand Orient, renforçant son réseau d'influence et son intégration dans les cercles de pouvoir. Son amitié avec François Mitterrand lui vaut d'être nommé à la tête du Conseil constitutionnel en 1995, malgré des critiques internes. Il parvient à séduire ses collègues et à valider les comptes de campagne de l'élection présidentielle de 1995, bien que cette décision soit ultérieurement controversée.

Scandale et Controverses

La carrière de Roland Dumas n'est pas exempte de scandales. Le plus marquant est celui de l'affaire Elf, qui le contraint à démissionner de la présidence du Conseil constitutionnel en 2000. Accusé de malversations financières, il est finalement acquitté en 2003, mais cet épisode ternit sa réputation et marque une fin abrupte à son ascension politique.

Malgré les controverses, les hommages affluent à l'annonce de son décès. Éric Dupond-Moretti, garde des Sceaux, salue une figure qui a marqué l'histoire de la Ve République. Jacques Attali, ancien conseiller de Mitterrand, rappelle son rôle essentiel dans la relation franco-allemande. Marcel Ceccaldi, avocat et compagnon de prétoire, souligne son talent et son humilité.

Roland Dumas, avec sa personnalité complexe, son charme cynique, et son amour pour l'art, a traversé les décennies en laissant une trace profonde dans les sphères politique et juridique. Fidèle de Mitterrand, résistant, avocat des causes difficiles et diplomate de renom, il reste une figure incontournable de l'histoire française.

Son parcours, de la Résistance à la diplomatie en passant par le barreau, est le reflet d'une vie dédiée au service public et à la défense des valeurs républicaines. Roland Dumas nous quitte, mais son héritage perdurera dans les mémoires de ceux qui l'ont côtoyé et de ceux qui étudient l'histoire politique française.