Royaume-Uni : Liz Truss nomme un gouvernement renouvelé
La nouvelle Première ministre du Royaume-Uni a dévoilé son équipe gouvernementale.
Davantage marquée à droite que celle de son prédécesseur Boris Johnson, Liz Truss mise sur le renouvellement.
Les traditions ont été finement respectées. Mardi 6 septembre, après sa rencontre souveraine avec la reine et la passation de pouvoir avec son prédécesseur, Boris Johnson, Liz Truss a prononcé son discours de politique générale et dévoilé les contours de son gouvernement devant la porte de la résidence du 10, Downing Street.
Dès les premiers mots de sa présentation, elle a rompu avec Boris Johnson, malgré leur appartenance à la même famille politique. Aux postes clés de son gouvernement, seul Ben Wallace, très populaire, est maintenu à la Défense, en pleine guerre en Ukraine. Liz Truss a réaffirmé ses positions libérales sur le plan économique et conservatrices sur les questions de société. "Nous pouvons remettre notre économie sur les rails et transformer le Royaume-Uni en ce pays moderne et brillant qu'il peut être", a-t-elle exhorté.
Elle sera confrontée d'emblée à une situation de crise sociale puisque des millions de Britanniques sont pris à la gorge par la flambée des prix.
Pour l'affronter, la conservatrice a présenté une équipe gouvernementale très marquée à droite, qui se caractérise par sa diversité. Passage en revue des principaux visages.
Kwasi Kwarteng, le double de Truss
Ami et voisin de Liz Truss, Kwasi Kwarteng sera un rouage essentiel de la machine Truss. Héritant du portefeuille de ministre du gouvernement chargé des finances et du trésor, l'ancien Secrétaire d'État aux affaires, à l'énergie et à la stratégie industrielle sera au coeur du dispositif gouvernemental dans les prochains mois.
Il devra gérer l'inflation galopante au Royaume-Uni, notamment dans le secteur de l'énergie, à l'origine d'une crise sociale et d'un mouvement de grève générale qui paralyse une bonne partie des transports publics.
Fils d'immigrés du Ghana arrivés dans la région Londonienne dans les années 1960, Kwasi Kwarteng est un libéral, adepte des impôts faibles et de l'économie de marché, dans la lignée de Margaret Tchatcher. Il aura donc à coeur de mettre sur pied les baisses d'impôts promises par Liz Truss dans l'optique de revigorer le pouvoir d'achat des ménages britanniques.
Il a également promis de s'attaquer à la réduction de la dette britannique - alors qu'elle est l'une des moins élevées en Europe avec celle de l'Allemagne. Ce pur produit de l'université britannique s'était fait connaître en cosignant le livre Britannia Unchained, qui qualifiait les travailleurs britanniques de "pires fainéants du monde".
Suella Braverman, coup de barre à droite
Le wokisme ne fait pas parler qu'en France : il est aussi un sujet de commentaires et d'anicroches au Royaume-Uni. La principale pourfendeuse de la pensée woke outre-Manche s'appelle Suella Braverman.
Elle vient d'être nommée ministre de l'Intérieur. Cette ancienne avocate de 42 ans, d'origine indienne par ses parents, est une élue très conservatrice. Elle devra gérer la crise migratoire et la question de l'arrivée des migrants sur les côtes anglaises.
Le précédent gouvernement avait signé un accord controversé afin d'envoyer les demandeurs d'asile au Rwanda, ce à quoi la nouvelle ministre souscrivait. Cet accord pourrait être opérationnel sous son mandat.
Thérèse Coffey, une fidèle à la Santé
Soutien infaillible de Liz Truss depuis dix ans, Thérèse Coffey est récompensée pour sa fidélité. La directrice de campagne de la nouvelle Première ministre a été désignée Vice-Présidente. Précédemment ministre des retraites, elle est promue ministre de la Santé.
Un poste éminemment crucial alors que les hôpitaux britanniques sont débordés, avec 6,7 millions de Britanniques en attente d'un soin ou d'une opération.
James Cleverly, Brexiteur de la première heure
Fervent soutien de Liz Truss, James Cleverly devrait, comme Thérèse Coffey, se distinguer pour sa loyauté.
A un poste où il fut un temps question que la Première ministre se nomme elle-même pour garder la main sur la diplomatie britannique, elle a finalement désigné un lieutenant.
Après deux années comme secrétaire d'État aux Affaires étrangères, puis un bref passage comme ministre de l'Éducation, James Cleverly connaît la plus grande promotion de sa carrière.
Le nouveau ministre des Affaires étrangères a d'ores et déjà annoncé que son gouvernement adoptera une ligne dure face à Moscou et Pékin.
Il devra également soigner ses relations avec ses homologues européens dans un contexte de crise énergétique, de sanctions coordonnées à l'encontre de la Russie et de ses oligarques, ainsi que de tensions autour de l'application du protocole de sortie de l'Union européenne.
Fervent partisan du Brexit, James Cleverly devrait se montrer intransigeant à l'égard des Vingt-Sept.
Un gouvernement marqué par l'euroscepticisme
Pour ce qui est du reste de la composition, Jacob Rees-Mogg est promu ministre des affaires économiques et de l'énergie, un portefeuille clé pour ce réactionnaire pur jus qui a passé le plus clair de son temps, lorsqu'il était ministre des opportunités du Brexit, à traquer les fonctionnaires qu'il jugeait improductif. Chris Heaton-Harris, autre eurosceptique notoire, est nommé ministre à l'Irlande du Nord.
Opposé à Truss pour prendre tête du parti conservateur, Rishi Sunak, considéré comme un modéré, ne figure pas dans le gouvernement.
D'autres poids lourds du précédent cabinet, tels que Dominic Raab ou Michael Gove, n'ont hérité d'aucun poste et redeviennent députés.