Royaume-Uni : qui sont les petits nouveaux du Gouvernement Truss ?
Dès son retour d’Ecosse, où la reine Elizabeth II l’a officiellement invitée à former un gouvernement, Liz Truss a nommé les premiers poids lourds de son équipe.
Entrée à Downing Street, la Première ministre Liz Truss a nommé mardi un gouvernement de fidèles très à droite, marqué par une diversité inédite et chargé de sortir le Royaume-Uni de la « tempête » économique et sociale provoquée par l’envolée des prix de l’énergie.
Pour la première fois, aucun des quatre principaux postes de l’exécutif - Premier ministre, Finances, l’Intérieur et Affaires étrangères - n’est ainsi occupé par un homme blanc. Il s’agit de personnalités pour la plupart très conservatrices et loyales à Liz Truss, avec cependant le parcours classique des élites britanniques. A noter que le très populaire Ben Wallace est maintenu à la Défense, poste clé en raison de la guerre en Ukraine dont Londres est l’un des principaux soutiens. On fait le tour des nouvelles nominations.
James Cleverly, chef de la diplomatie
Ex-secrétaire d’Etat au Foreign Office, James Cleverly, 53 ans, dont la mère est originaire de Sierra Leone, devient chef de la diplomatie. Ce réserviste de l’armée, qui avait été nommé début juillet ministre de l’Education après la vague de démissions ayant suivi le départ de Boris Johnson, va devoir relever le défi de travailler pour Liz Truss. Car dans les rangs des conservateurs, il se dit que la fraîchement nommée Première ministre aurait souhaité rester ministre des Affaires étrangères même si elle occupe désormais le 10 Downing Street.
En nommant James Cleverly à la tête de la diplomatie, Liz Truss a en tout cas choisi une personnalité « d’une loyauté à toute épreuve », dixit les experts, mais peu connue à l’étranger. Issu d’une famille modeste de Londres, ce partisan du Brexit a rapidement gravi les échelons du parti conservateur. Elu pour la première fois au Parlement en 2015, il devient vice-président des tories en 2018 puis quelque mois plus tard coprésident.
Au Foreign Office, James Cleverly a suivi pendant deux années les sujets brûlants britanniques : le statut post-Brexit de l'Irlande du Nord, la guerre en Ukraine et surtout les futures relations entre le Royaume-Uni d’un côté et la Russie et la Chine de l’autre. Et le nouveau ministre des Affaires étrangères a d’ores et déjà annoncé que son gouvernement adoptera une ligne dure face à Moscou et Pékin.
A noter que lorsque l’ex-Première ministre Theresa May a démissionné en 2019, ce père de deux enfants s’est porté candidat pour lui succéder, appelant les tories à « faire un acte de foi, sauter une génération et voter pour un parlementaire relativement nouveau ». Mais il jette l’éponge au bout d’une semaine, concédant n’avoir aucune chance d’obtenir le soutien de suffisamment d’élus conservateurs pour atteindre la finale.
Kwasi Kwarteng, ministre des Finances
Kwasi Kwarteng prend à 47 ans la tête du Trésor britannique avec la lourde tâche de tenter de sortir le Royaume-Uni d’une grave crise du coût de la vie sans faire plonger les finances publiques dans l’abysse. « Il y a beaucoup de pression sur Kwasi Kwarteng », car la longévité politique de la nouvelle Première ministre Liz Truss sera intimement liée à sa performance, a estimé ce mercredi Tony Travers, professeur à la London School of Economics (LSE).
Ce partisan enthousiaste du Brexit et soutien de la première heure de Liz Truss - dont il est ami de longue date et voisin à Greenwich, au sud-est de Londres - est le premier Chancelier de l’Echiquier noir du pays. Fils d’immigrés du Ghana arrivés au Royaume-Uni dans les années 1960, ce polyglotte - il se piquerait d’écrire de la poésie en latin - passionné d’histoire, de musique et de cricket qui était depuis janvier 2021 ministre des entreprises, de l’industrie et de l’énergie est aussi un libéral pur jus, apôtre d’impôts faibles et de l’économie de marché.
Vu son parcours au sein du parti conservateur, Kwasi Kwarteng « ressemble à bien des égards à une sorte de Thatchérien militant », résume Tony Travers. Le nouveau ministre des Finances avait cosigné en 2012, le livre Britannia Unchained, qui prônait notamment un Etat au périmètre réduit et qualifiait les travailleurs britanniques de « pires fainéants du monde » - la Première ministre a fait des vagues pendant sa campagne en évoquant de nouveau un manque d’ardeur supposé au travail des Britanniques.
Suella Braverman, ministre de l’Intérieur
Suella Braverman, d’origine indienne par ses parents, est une élue très conservatrice qui devra désormais s’atteler au dossier des migrants qui arrivent illégalement sur les côtes britanniques. Cette ancienne avocate de 42 ans occupait depuis un an le poste peu médiatique de conseillère juridique du gouvernement («Attorney general »), alors que l’exécutif britannique est englué dans une bataille juridique sur son projet de renvoyer les migrants illégaux au Rwanda.
Née en 1980 à Harrow au nord-ouest de Londres, Suella Braverman, mère de deux enfants, a étudié le droit à l’université de Cambridge, où elle était présidente de l’Association des conservateurs, ainsi qu’à l’université Panthéon-Sorbonne à Paris. Son euro-scepticisme acharné et son attachement à défendre les valeurs de la droite l’ont rendue populaire auprès des membres du parti. Elle est ainsi l’une des 28 députés britanniques qui ont refusé, à trois reprises, de soutenir l’accord de Brexit de Theresa May.
Pourfendeuse du « wokisme », qui dénonce les injustices subies par les minorités mais dont les supposés excès sont devenus la bête noire des conservateurs du monde entier, elle loue l’Empire britannique comme une « force du bien » et a affirmé que les conservateurs étaient « engagés dans une guerre contre le marxisme culturel ».
Therese Coffey, ministre de la Santé
Après avoir présenté comme l’une de ses priorités le redressement du service public de santé, affaibli par dix ans d’austérité et la pandémie, Liz Truss a nommé Therese Coffey, une amie proche, ministre de la Santé avec le titre de vice-Première ministre.
Therese Coffey, catholique pratiquante comptable de formation, est notoirement anti-IVG et a proposé de renforcer les évaluations psychologiques préalables à l’IVG, en 2010, rejeté la décriminalisation en Irlande du Nord, puis l’accès à l’avortement à domicile pendant la pandémie. Pressentie dès cet été pour le gouvernement Truss, elle avait alors assuré qu’elle ne reviendrait pas sur les lois en vigueur.
Le premier Conseil des ministres s’est réuni mercredi matin avant que la nouvelle dirigeante n’affronte pour la première fois le chef de l’opposition Keir Starmer au Parlement, selon 20minutes.