Trump met la pression sur Poutine : un accord urgent pour la Russie
« Il faut un accord ! » a répété Donald Trump, lundi soir, en parlant d'un possible compromis entre la Russie et l'Ukraine pour mettre fin à la guerre, un objectif central de sa politique.
Depuis le Bureau ovale de la Maison-Blanche qu’il occupait à nouveau après quatre ans, le président a déclaré devant la presse que l'invasion de l'Ukraine par la Russie représentait « un gros problème » pour Vladimir Poutine.
Cela se manifeste clairement sur le plan militaire, avec la perte de la moitié des blindés russes en trois ans de combats et l'incapacité à reprendre la région de Koursk malgré plusieurs mois d’assauts.
Sur le plan économique, cette situation semble particulièrement préoccupante pour Donald Trump. Il a ajouté : « Je pense que la Russie rencontre de grandes difficultés. Regardez leur économie, regardez l’inflation. »
Le rouble a chuté
Cette inflation, causée par le déficit budgétaire engendré par la guerre, la suspension des importations occidentales et la pression sur le secteur militaro-industriel, atteint actuellement plus de 9,5 % en rythme annuel, l’un des plus élevés parmi les grandes économies, après l’Argentine, qui commence à la maîtriser, et la Turquie. À Moscou, les loyers ont explosé, tout comme certains produits de base, dont les prix ont augmenté de 40 % en un an.
Pour lutter contre cette inflation, la banque centrale a été contrainte d'augmenter ses taux d’intérêt à 21 %, un des plus hauts niveaux parmi les grandes économies. Ce coût élevé des emprunts rend les nouveaux investissements non rentables et rend difficile le financement pour de nombreuses entreprises. Le rouble a perdu 8 % de sa valeur face au dollar rien qu'en novembre, atteignant son plus bas niveau depuis le début de la guerre.
Trump a ajouté : « Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, m’a dit qu’il voulait un accord, je ne sais pas si Poutine le veut […] Je pense qu’il devrait conclure un accord. Je pense qu’il est en train de détruire la Russie en ne concluant pas d’accord. » En saluant la volonté de Kiev de chercher une solution et en évoquant les « gros problèmes » de Poutine, le président américain semble exercer une pression sur le Kremlin, sans pour autant évoquer l'idée de fournir des armes à l'Ukraine.
« Je m’entends très bien avec Poutine »
Son principal conseiller sur l'Ukraine, Keith Kellogg, avait présenté une stratégie en la matière : menacer l'Ukraine de suspendre l'envoi d'armes si elle ne cherche pas un compromis sincère, et inversement, menacer la Russie d'un soutien militaire massif si elle ne poursuit pas des négociations de paix.
Les contours d'un accord demeurent cependant flous, car les positions de Vladimir Poutine et du gouvernement ukrainien sont radicalement opposées. Il semble même que cela soit une question de survie pour les deux nations, comme pour leurs présidents respectifs. « Je m’entends très bien avec Poutine, j’espère qu’il veut un accord », a néanmoins exprimé Donald Trump.
L'impact des sanctions
Il reste aussi à déterminer si l'impact des sanctions économiques, que Donald Trump n’avait pas soutenues par le passé, sera suffisant pour inciter Poutine à opter pour un règlement politique. Ces sanctions commencent à se faire ressentir, comme en témoigne l'incapacité des « flottes fantômes » de pétroliers, qui contournaient les restrictions, à accoster, même en Chine.
Cependant, Vladislav Inozemtsev, l'un des auteurs d'un rapport du Centre pour l'analyse et la stratégie en Europe, estime que les sanctions « ne limitent pas substantiellement la capacité du Kremlin à mener la guerre ».
D’après lui, les capacités d’emprunt de Moscou, dont la dette représente à peine 18 % du PIB, restent solides, et la politique des taux d’intérêt élevés n’a pas encore provoqué de faillites massives.
En revanche, les économistes du cabinet Capital Economics avertissent que « la Russie court désormais un risque élevé de crise bancaire […] avec la hausse des taux d’intérêt et du service de la dette, ce qui pourrait entraîner des défauts de paiement d'entreprises ».
Enfin, Alexandra Prokopenko, de Carnegie Politika, affirme que « la Russie se dirige vers une stagnation économique inévitable ».