Serge Lama tire sa révérence avec son dernier album intitulé « aimer »
Pour l'occasion, le chanteur retrouve l'arrangeur Jean-Claude Petit, avec qui il avait façonné ses premiers succès comme Je suis malade en 1973.
Avec Aimer, présenté comme son «ultime album» dans les bacs vendredi, Serge Lama, 79 ans, dit «adieu» à son public: «à un âge, il faut savoir s'arrêter...». «Je continuerai d'écrire des chansons, d'en enregistrer peut-être mais en secret, en testament», confie l'artiste rencontré à son domicile par l'AFP. «Il faut savoir dire c'est fini. Je le fais avec cet album. Je ne veux pas chanter assis comme Reggiani... Même Aznavour aurait dû arrêter plus tôt», souligne l'interprète des P'tites femmes de Pigalle et D'aventures en aventures, tubes parmi tant d'autres en près de soixante ans de carrière.
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«J'ai des difficultés de mobilité... À mon âge, dès que je marche, je souffre énormément», confie le chanteur dont la dernière tournée a été annulée par la pandémie. «Ça m'a arraché le cœur. Maintenant, je ne peux plus tenir deux heures sur scène.»
Pour l'album des adieux, Serge Lama fête ses retrouvailles avec l'arrangeur Jean-Claude Petit, avec qui il avait façonné ses premiers succès comme Je suis malade et La chanteuse a vingt ans en 1973. «Avec ses arrangements immenses, Jean-Claude a été à l'origine de ma starisation. À nouveau avec lui, ce dernier album célèbre l'amour dans toutes les directions. Tout le temps, j'ai chanté l'amour qui, avec la sincérité je crois, ont été les maître-mots de ma carrière. Si on n'est pas sincère, le public vous quitte...», observe Serge Lama.
Au fil des douze titres de cet «ultime album» - le 24e de sa carrière -, le chanteur, tour à tour grave et enjoué, évoque aussi bien sur un duo l'amour qui l'unit à son épouse Luana, que son admiration inattendue pour le tennisman Roger Federer ou encore pour l'écrivain Albert Camus: «Oh Camus, je te pleure/Mon héros tu demeures/Toi qui es mort d'un Dostoïevski dans le cœur».
«Federer me fascine! C'est un joueur incroyable, sans impression d'effort... Une admiration qui est de l'amour à ce point-là!», reconnaît-il au sujet du Suisse qui vient de prendre sa retraite. «J'arrivais en retard à mes concerts car je regardais ses matches dans ma loge!».
L'heure de la retraite l'inspire forcément avec un titre poignant: «J'suis un brav'p'tit vieux/Dans un trou d'banlieue/Ma vie n'est pas une fête/Et pourtant je m'entête». Avec le titre Beau Mec, il ironise: «T'es comme un sou tout neuf/À la loterie du bluff/T'es comme une denrée/Qui croit qu'elle va durer». Revendiquant le titre de chanteur qui aura fait le plus de concerts jusqu'à ses 75 ans «avec parfois 300 concerts dans l'année», Serge Lama dit avoir tout donné pour ce dernier album: «j'y ai mis tout mon cœur et toute mon âme...».
Parolier inspiré et compositeur renommé, Serge Lama a écrit ses premiers textes avant l'adolescence. Remarqué par une professeure de chant, il interprète en novembre 1963 ses premières compositions, lui ouvrant les portes du Petit conservatoire de Mireille, gros tremplin télé de l'époque. En février 1964, à 21 ans, il donne un premier récital à L'Écluse, célèbre cabaret parisien de l'époque, en première partie de Barbara.
Si il renonce définitivement à la scène, Serge Lama pourrait accepter une émission spéciale: «à la télévision, il y a des arrangements possibles avec le diable. Si un chanteur me demande de lui écrire des chansons, ce sera volontiers». «La comédie pourquoi pas aussi, mais pour un personnage assis à la limite», s'amuse-t-il. «Je ne me fais aucune illusion: on ne retiendra rien de moi», ajoute-t-il. «On n'écrira pas de thèses sur Serge Lama... De là-haut, je serais surpris de voir ça!» selon Le Figaro .