Sommet Afrique-Russie: une occasion à Moscou de jauger ses alliés
Le sommet Russie-Afrique qui se tient ces 27 et 28 juillet 2023 à Saint-Pétersbourg doit permettre à Moscou d’approfondir ses relations sur le continent et de jauger ses alliés.
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Ce nouveau rendez-vous devrait avant tout permettre à la Russie de compter ses soutiens, alors que l’Afrique s’est montrée particulièrement divisée sur la question de l’invasion de l’Ukraine, au moment de voter devant l’Organisation des Nations unies.
Quarante-trois chefs d’État et de gouvernement avaient fait le déplacement lors du premier sommet et la nouvelle photo de famille sera observée de très près, alors que la Russie espère convaincre ses alliés de lui renouveler leur confiance.
Ces derniers mois, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a multiplié les visites sur le continent africain, alors que son homologue ukrainien se trouvait en Guinée équatoriale quelques jours avant le début de ce sommet.
Durant les semaines précédant ce rendez-vous crucial, la Russie a accusé les alliés occidentaux de l’Ukraine – dont la France – d’avoir exercé des « pressions sans précédent » pour dissuader les chefs d’États africains de se rendre à Saint-Pétersbourg.
Le ministre ukrainien Dmytro Kouleba a démenti ces manœuvres. En revanche, il a estimé que ce sommet servira d’« instrument de propagande » à Vladimir Poutine, soucieux de « blanchir sa réputation ».
Vladimir Poutine – qui est visé par un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale – a notamment dû renoncer à participer au sommet des Brics qui se tiendra fin août 2023 en Afrique du Sud.
Les céréales, un enjeu majeur
Au-delà de l’aspect éminemment symbolique de ce sommet, la Russie promet « des annonces » allant dans le sens d’un « meilleur accès à la nourriture, aux engrais, aux technologies et aux ressources énergétiques » pour l’Afrique.
Moscou a décidé récemment de ne pas renouveler sa participation à l’accord qui permettait à l’Ukraine d’exporter ses céréales via la mer Noire, malgré le blocus russe. Un retrait qui pourrait avoir de lourdes conséquences sur l’inflation et la sécurité alimentaire du continent où de nombreux pays affichent une forte dépendance au blé russo-ukrainien.
Pour faciliter ses exportations de céréales, de matériel agricole et surtout d’engrais, la Russie réclame de son côté un allègement des sanctions économiques qui la visent. En parallèle, Vladimir Poutine a d’ores et déjà promis de « remplacer les céréales ukrainiennes à destination de l’Afrique » et d’aider « les pays dans le besoin » à travers des donations spécifiques.
Moscou a déjà procédé ces derniers mois à des dons stratégiques d’engrais à destination de certains pays africains qui rencontrent des difficultés d’approvisionnement, en faisant de son engrais un nouvel outil diplomatique.
L’avenir du groupe Wagner en question
La Russie s'est en outre imposée entre 2018 et 2022 comme le premier exportateur d’armes en Afrique subsaharienne, devant la Chine. Et, si ces exportations ne représentent que 12% des ventes d’armes du pays, elles sont significatives sur le plan stratégique.
En revanche, la rébellion avortée du groupe Wagner à la fin du mois de juin a jeté un certain trouble dans les esprits. Elle semble poser la question de l’avenir de la milice russe sur le continent, particulièrement au Mali et en Centrafrique, mais aussi au Soudan ou en Libye.
Les dirigeants africains moins nombreux qu'au Sommet Russie-Afrique 2019
Les délégations de 49 pays africains sont attendues à Saint-Pétersbourg. Mais un peu plus d'une vingtaine de chefs d'État et de gouvernements africains ont accepté l'invitation du président Poutine, contre 43 en 2019.
Sans surprise, les alliés historiques de la Russie sont représentés au plus haut niveau à Saint-Pétersbourg : le président sud-africain Cyril Ramaphosa, le Congolais Denis Sassou-Nguesso, l'Égyptien Abdel Fattah al-Sissi, le Zimbabwéen Emmerson Mnangagwa, l'Érythréen Issayas Afewerki.
Les nouveaux partenaires privilégiés de Moscou font aussi le déplacement : le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra et le président malien Assimi Goïta, entourés d'une importante délégation et le président burkinabè Ibrahim Traoré.
En revanche, le président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, a annulé son déplacement. Le Nigeria envoie son vice-président. Quant à la trentaine d'autres pays africains, elle est représentée au niveau ministériel, au mieux par le Premier ministre pour l'Algérie, l'Éthiopie, le Maroc et la Mauritanie ; ou le ministre des Affaires étrangères pour l'Angola, le Gabon, le Bénin, Madagascar et le Tchad, tandis que la Côte d'Ivoire envoie à Saint-Pétersbourg son ambassadeur en Allemagne. La photo de famille autour de Vladimir Poutine sera donc moins prestigieuse qu'il y a quatre ans.