Islamophobie en France : l'ultradroite organise un défilé, Zemmour réagit
Ces derniers jours, nous avons observé une augmentation des actions et des menaces provenant de militants identitaires, une semaine après la mort de Thomas, un adolescent de 16 ans tué à Crépol, dans la Drôme.
Samedi soir, près de 80 militants d'extrême droite, cagoulés, ont défilé à Romans-sur-Isère, dans le quartier de la Monnaie, sous le slogan "La France nous appartient". Leur objectif était de s'en prendre aux jeunes du quartier de la Monnaie, dont certains sont impliqués dans la mort de Thomas lors d'un bal de village le 18 novembre. Les services de renseignements s'inquiétaient de cette "expédition vengeresse et coodonnée".
Le procureur de la République de Valence, Laurent de Caigny, a déclaré dimanche soir : "Nul ne peut se faire justice en dehors de la loi". Il a appelé à laisser les enquêteurs travailler compte tenu de la gravité extrême des faits, ajoutant que ceux qui recourent à la violence illégitime devront en répondre.
La manifestation a été qualifiée de "tentative de ratonnade" par le coordinateur de La France insoumise (LFI), Manuel Bompard. Olivier Faure, Premier secrétaire du Parti socialiste, a également tweeté dimanche : "Retour des ratonnades. L'extrême droite telle qu'elle est. La mort de Thomas comme prétexte. La haine raciste comme mobile. La violence comme moyen".
Des groupuscules d'extrême droite ont également organisé des manifestations dans plusieurs villes de France ce week-end. À Reims, vendredi soir, des hommes en noir, cagoulés, ont réclamé "justice pour Thomas". Dimanche, un nouveau rassemblement a eu lieu à Valence, où une cinquantaine de personnes ont participé avant de se disperser. Trois d'entre elles ont été interpellées, tout comme quatre jeunes Romanais du quartier de la Monnaie, tous porteurs d'armes ou d'objets assimilables.
Des rassemblements ont également eu lieu à Laval, Rennes et Annecy, ainsi qu'à Paris, où 30 personnes se sont réunies près de la Tour Eiffel pour demander "justice pour Thomas" et s'opposer aux "barbares islamistes".
En plus des manifestations, des actes et des rassemblements, d'autres actions menées par des groupuscules d'extrême droite se multiplient. Samedi, 13 personnes, dont sept fichées S, ont été arrêtées à Paris pour des tags de croix gammées au sol. Des tags antimulsulmans ont également été découverts sur les murs de la mosquée de Cherbourg-en-Cotentin et une mosquée de Valence a reçu une lettre de menace avec l'inscription : "Un bon musulman est un musulman mort. Justice pour Thomas".
Les militants d'extrême droite mènent une campagne virulente sur les réseaux sociaux depuis le drame, considérant qu'il illustre l'insécurité grandissante dans les zones rurales.
La gauche pointe le rôle des partis d'extrême droite dans la banalisation des propos racistes dans le pays. Le député insoumis François Ruffin a notamment critiqué "les discours" de Reconquête et du Rassemblement national, affirmant que ces formations politiques prétendent défendre la nation, mais la divisent.
Les Républicains, par la voix d'Éric Ciotti, ont refusé de commenter les faits sans en connaître les détails. Ciotti a déploré la mise en avant médiatique de ces événements, estimant que ce qui s'est passé à Crépol est beaucoup plus préoccupant que la réaction qui en découle.
Des responsables de Reconquête, notamment Éric Zemmour, ont également multiplié les déclarations controversées depuis le 18 novembre, en qualifiant notamment la mort de Thomas de "francocide".
Dimanche, Éric Zemmour a partagé sur les réseaux sociaux l'un des visuels réalisés par le mouvement de jeunesse "Génération Z" : "Hier Lola, aujourd'hui Thomas, demain toi ?" suivi du message : "Jeunesse, bats-toi avec nous".