Taïwan: Il faut empêcher la Chine d'envahir l'île, avertit un ex-chef de l'OTAN
Les puissances européennes doivent redoubler d'efforts pour dissuader Pékin d'envahir Taïwan, a déclaré jeudi un ex-chef de l'Otan.
Il a soutenu que ces Etats ont été "trop naïfs" avant l'invasion de l'Ukraine par Moscou et risquent de répéter la même erreur avec Pékin.
"Nous devons réaliser que le conflit entre la Chine et Taïwan a, et aura, des répercussions mondiales. Nous avons donc intérêt (...) à empêcher que ces tensions ne dégénèrent en un conflit armé", a affirmé à la presse Anders Fogh Rasmussen, ex-secrétaire général de l'Otan en visite sur l'île.
Pour M. Rasmussen, les pays européens doivent notamment se préparer à prendre des "sanctions étendues et profondes" contre Pékin en cas d'invasion de Taïwan, même si celles-ci frapperaient durement l'Europe en retour, a-t-il concédé.
Selon lui, l'invasion de l'Ukraine a cependant amorcé un changement en Europe en ce qui concerne la dépendance à l'égard des autocraties.
"Nous avons construit une Europe fondée sur une sécurité assurée par les Etats-Unis, des biens bon marché de Chine et du gaz peu coûteux provenant de Russie. Ce modèle ne fonctionne plus", a-t-il défendu.
"Nous ne devons pas répéter cette erreur en étant trop faibles, trop accommodants vis-à-vis de la Chine."
M. Rasmussen a également soutenu que les Européens pourraient "conduire des formations (...) sur le sol européen" à destination des militaires taïwanais, à l'image de celles dispensées en Europe aux soldats ukrainiens dans les années ayant précédé l'invasion de l'Ukraine par Moscou en 2022.
Et d'ajouter que des équipements militaires et de cyberdéfense pourraient être partagés avec Taipei "pour permettre à Taïwan de se défendre lui-même".
Interrogé au sujet de la visite à Taïwan de M. Rasmussen, un porte-parole de la diplomatie chinoise a déclaré mercredi que "toute tentative de créer +deux Chines+ ou +une Chine, un Taïwan+ est vouée à l'échec".
Les relations entre Pékin et Taipei, déjà tendues, se sont brutalement dégradées en 2022, Pékin ayant multiplié les manoeuvres militaires autour de
l'île qu'il considère comme une partie de son territoire à reconquérir un jour, par la force si nécessaire.Les plus importantes ont été menées en représailles à une visite sur l'île de Nancy Pelosi, alors présidente de la Chambre des représentants américaine.
La Chine s'oppose en effet à tout échange officiel entre des pays et Taïwan.