Tchad : Mahamat Déby Itno, de la junte à la présidence
Le général Mahamat Idriss Déby Itno, ancien chef de la junte militaire, a prêté serment jeudi en tant que Président du Tchad, pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois.
Son élection, tenue le 6 mai et remportée avec officiellement 61% des suffrages, marque la fin de la transition amorcée après la mort de son père, Idriss Déby Itno, en avril 2021.
Lors de la cérémonie au Palais des Arts et de la Culture de N’Djamena, Mahamat Déby Itno, vêtu de son boubou blanc traditionnel, a juré de « remplir les hautes fonctions que la Nation nous a confiées ». Il a promis de restaurer l’ordre constitutionnel et de gouverner pour tous les Tchadiens, malgré les critiques sur la crédibilité de son élection.
L’élection de Mahamat Déby Itno, 40 ans, a été critiquée par des ONG internationales comme peu « crédible ». La période de transition a été marquée par une répression violente de l’opposition, qui appelle à mettre fin à 34 ans de « dynastie Déby ». Succès Masra, ex-opposant et Premier ministre nommé par Déby, a qualifié l’élection de « vernis démocratique » dans un « scrutin joué d’avance ». Après avoir contesté les résultats, il a présenté sa démission la veille de l’investiture.
La cérémonie d’investiture a permis de mesurer le soutien international à Mahamat Déby Itno. Huit chefs d'État africains étaient présents, tandis que la France, représentée par le ministre Franck Riester, a été l'un des rares pays occidentaux à féliciter publiquement Déby pour son élection. Le Tchad est un allié clé dans la lutte contre les jihadistes au Sahel, avec un millier de soldats français stationnés sur son sol.
Des ONG internationales, comme la Fédération internationale des droits humains (FIDH), ont dénoncé une élection « ni crédible, ni libre, ni démocratique », soulignant les violations des droits humains et la répression de l’opposition par la junte. En octobre 2022, la répression d'une manifestation contre le maintien de la junte a fait au moins 300 morts et plus de mille personnes déportées dans un bagne désertique.
Deux mois avant l’élection, Yaya Dillo, cousin de Mahamat Déby et son principal rival, a été tué par des militaires. Les appels à une enquête indépendante sur cet incident et d’autres abus restent sans réponse. Mahamat Déby Itno commence son mandat dans un climat de tensions et de défis économiques et sécuritaires persistants.