Trump et la Russie : le rapport qui pointe la "faiblesse" de l’enquête du FBI
Le FBI a manqué de rigueur lors de son enquête sur une éventuelle collusion entre Donald Trump et la Russie lors de l’élection présidentielle de 2016, selon le très attendu rapport de John Durham.
Le FBI a-t-il manqué à ses obligations ? Le procureur spécial John Durham a publié ce lundi 15 mai son "enquête sur l’enquête" menée par les services de renseignements américains en 2016 sur une éventuelle collusion entre Donald Trump et la Russie lors de l’élection présidentielle. Les conclusions sont formelles : le FBI s’est appuyé sur "des renseignements bruts qui n’avaient pas été analysés ni corroborés" pour lancer ses investigations. Il a aussi manqué "d’objectivité" dans la gestion de ce dossier.
Le rapport de John Durham était très attendu, en particulier par le camp Trump. Le procureur spécial s’est penché pendant près de quatre ans sur "Crossfire Hurricane", l’opération de contre-espionnage du FBI, nommée ainsi en hommage à une célèbre chanson des Rolling Stones. La police fédérale enquêtait sur des liens entre des responsables russes et des membres de la campagne présidentielle de Donald Trump en 2016. Cette affaire a assombri la première partie du mandat de l’ex chef d’Etat républicain, qui la qualifiait régulièrement de "chasse aux sorcières", selon lexpress.
"Manque de rigueur"
Les conclusions de John Durham ne sont pas nouvelles. En 2019, le procureur spécial Robert Mueller avait déjà affirmé dans un rapport qu’il n’y avait pas de preuves suffisantes pour établir une collusion entre la Russie et l’équipe de Donald Trump. Mais "le FBI et le ministère de la Justice doivent reconnaître qu’un manque de rigueur analytique, un biais de confirmation et une trop grande confiance envers des sources liées à des opposants politiques ont empêché les enquêteurs de considérer des hypothèses alternatives et d’agir avec l’objectivité appropriée", écrit John Durham dans son rapport de 300 pages.
Outre la faiblesse des éléments ayant initié l’enquête, il reproche aussi à la police fédérale d’avoir agi selon un système de deux poids, deux mesures. "La vitesse et la manière dont le FBI" a décidé d’enquêter sur Donald Trump "contraste avec l’approche adoptée précédemment dans une affaire sur une possible ingérence étrangère dans la campagne" de la candidate démocrate Hillary Clinton, énonce-t-il, en épinglant aussi "l’attitude cavalière" de certains enquêteurs.
Pas de changement dans la méthodologie du FBI
Pour autant, John Durham ne demande pas de changements particuliers dans la méthodologie du FBI. "La réponse n’est pas de créer de nouvelles règles, mais de renouveler la fidélité aux anciennes", a-t-il justifié. Quant à la police fédérale, elle a assuré que des "dizaines d’actions correctives" avaient déjà été menées ces dernières années. "Si elles avaient été en place en 2016, les maladresses identifiées dans ce rapport auraient pu être empêchées", a explicité un porte-parole.
Donald Trump n’a pas manqué de réagir au travail du procureur spécial. "John Durham a conclu que le FBI n’aurait jamais dû lancer l’enquête Trump-Russie", a-t-il écrit sur Truth Social. "En d’autres termes, le public américain s’est fait avoir", a ajouté celui qui brigue un second mandat en 2024. Ses partisans sont allés dans son sens. Beaucoup ont estimé que le rapport était une confirmation de la non-objectivité des institutions. "Il confirme ce que nous savions déjà : les agences fédérales ont fabriqué une fausse théorie du complot sur une collusion entre Trump et la Russie", a par exemple assuré sur Twitter Ron DeSantis, républicain et gouverneur de la Floride. Jim Jordan, président du Comité judiciaire de la Chambre des représentants et proche allié de Trump, a annoncé qu’il inviterait John Durham à témoigner la semaine prochaine.