Tunisie : Le départ d'Ennahda en Tunisie après dix ans est un vrai bonheur pour les Tunisiens
Les mesures exceptionnelles pris par le président tunisien, Kais Saied, le 25 juillet dernier pour sauver le pays, a marqué un tournant et, pour des Tunisiens, l’euphorie fait maintenant place à l’attente.
Sonya Kéchiche, qui réside dans le Grand Tunis, raconte l’ambiance festive dans son quartier quand le président s’est emparé du pouvoir exécutif et a suspendu le Parlement pour un mois.
« Le départ des islamistes, vraiment, c’est la joie après 10 ans de ce poids lourd. Il y a eu des feux d’artifice, des klaxons dans les rues et des cris dans les fenêtres », se remémore la comptable de 42 ans, en entrevue avec Le Devoir. Elle-même a laissé exploser sa joie. « Mais là, on commence à se calmer et à être plus exigeants », ajoute-t-elle.
« Maintenant, on exige une feuille de route, un programme, un premier ministre et la continuité de la démocratie. On ne va pas céder nos acquis », affirme Sonya Kéchiche.
Le président Saied bénéficie d’un soutien populaire, ce qui s’explique surtout par un ras-le-bol à l’égard de la classe politique plutôt que par une adhésion aux mesures qu’il a mises en place, estime Safa Ben Saad. La professeure associée à la Faculté de droit de l’Université de Sherbrooke est arrivée en Tunisie le 17 juillet et elle suit de près les événements. « La population fait un peu abstraction de la procédure. C’est plus le fait que le président a sanctionné cette classe politique », dit-elle.
Le parti islamo-conservateur Ennahdha, principal parti qui siège au Parlement, est jugé par plusieurs comme responsable de la crise sanitaire, des problèmes économiques et de la corruption au pays. « Mais la population ne donne pas un chèque en blanc au président, elle attend la suite des choses, a cité le Devoir.