Turquie: Erdogan ordonne l'expulsion des ambassadeurs mobilisés en faveur de l'opposant Kavala

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé samedi avoir ordonné l'expulsion, "au plus vite", des dix ambassadeurs dont ceux de France, d'Allemagne et des Etats-Unis, qui ont réclamé la libération de l'opposant Osman Kavala.
"J'ai ordonné à notre ministre des Affaires étrangères de déclarer au plus vite ces dix ambassadeurs persona non grata", a affirmé le président turc lors d'un déplacement dans le centre de la Turquie, sans toutefois préciser la date à laquelle les diplomates devront quitter le pays.
Ces diplomates "doivent connaître et comprendre la Turquie", a poursuivi M. Erdogan en les accusant "d'indécence". "Ils devront quitter" le pays "s'ils ne le connaissent plus", a-t-il ajouté.
Mesure rare dans les relations internationales, déclarer "persona non grata" des diplomates ouvre la voie à leur expulsion ou leur rappel par leur propre pays.
"Du matin au soir ils (les diplomates) répètent: Kavala, Kavala... Mais celui dont vous parlez, Kavala, c'est l'agent de Soros en Turquie", a affirmé Erdogan durant une réunion publique, faisant une nouvelle fois référence au milliardaire américain d'origine hongroise George Soros auquel il compare régulièrement l'opposant.
Emprisonné depuis quatre ans sans jugement, Osman Kavala est accusé depuis 2013 de chercher à déstabiliser la Turquie. Dans un communiqué publié lundi soir, le Canada, la France, la Finlande, le Danemark, l'Allemagne, les Pays-Bas, la Nouvelle-Zélande, la Norvège, la Suède et les Etats-Unis ont appelé à un "règlement juste et rapide de l'affaire" Osman Kavala, homme d'affaires et mécène turc devenu une des bêtes noires du régime, emprisonné depuis quatre ans sans jugement.
Dès le lendemain, ils avaient été convoqués au ministère des Affaires étrangères, les autorités turques jugeant "inacceptable" leur démarche.
Le chef de l'Etat turc avait ensuite brandi la menace d'une expulsion à son retour d'une tournée africaine, jeudi, sans cependant prendre de mesures.
Premiers pays à réagir, samedi soir, la Suède et la Norvège ont tous deux fait savoir qu'ils n'avaient reçu aucune notification officielle concernant leurs ambassadeurs respectifs à ce stade.
"Notre ambassadeur n'a rien fait qui puisse justifier l'expulsion", a indiqué une porte-parole du ministère norvégien des Affaires étrangère, Trude Meseide, citée par l'agence de presse NTB, ajoutant que son pays "continuera d'exhorter la Turquie à adhérer aux normes démocratiques et à l'état de droit auxquels le pays s'est engagé en vertu de la Convention européenne des droits de l'homme".