USA : Joe Biden annonce être candidat à sa réélection en 2024
Dans une vidéo publiée mardi matin, le président américain, malgré ses 80 ans, déclare vouloir briguer un deuxième mandat en novembre l'an prochain.
Il pourrait avoir intérêt à voir se rejouer un duel contre Donald Trump.
Joe Biden est prêt à rempiler. Le président américain a officialisé ce mardi matin dans une vidéo ce qui n'était plus qu'un secret de Polichinelle :
« Je suis candidat à ma réélection », indique-t-il dans un message diffusé sur Twitter, où il dénonce notamment les « extrémistes républicains ».
« Lorsque je me suis présenté à la présidence il y a quatre ans, j'ai dit qu'il s'agirait d'une lutte pour l'âme de l'Amérique et nous en sommes encore là », explique-t-il aussi.
L'annonce intervient quatre ans jour pour jour après qu'il s'est lancé à l'assaut de la Maison-Blanche en 2019, et confirme les fuites qui se multipliaient dans la presse ces derniers jours.
Joe Biden ne prend toutefois pas son parti par surprise.
Depuis des mois, il assurait qu'il avait « l'intention » de se représenter.
Cela pouvait toutefois traduire une volonté de ne pas ouvrir trop tôt de guerre de succession parmi les rangs démocrates.
Mais dans son discours sur l'état de l'Union, en février, il avait aussi appelé à « finir le boulot » , laissant plus clairement augurer de sa volonté d'engager un deuxième mandat.
Le président, qui s'était présenté comme un candidat de « transition » pour l'élection de 2020, estime donc qu'elle peut durer quatre ans de plus, et choisit de nouveau sa vice-présidente, Kamala Harris, pour former le « ticket » présidentiel.
Il ne l'a pas réellement fait monter en puissance ces trois dernières années, mais a néanmoins cultivé une entente suffisante pour envisager un nouveau mandat avec cette ancienne procureure de Californie.
« Apte » mais âgé
La plupart des présidents en place tentent un deuxième mandat, souvent avec succès.
La seule question qui se pose réellement est celle de son âge : à 80 ans depuis novembre, Joe Biden pourrait donc, s'il était réélu, gouverner jusqu'à ses 86 ans.
En février, Joe Biden a été jugé « apte » et « en bonne santé » par son médecin, après une batterie habituelle de tests.
Mais le président américain affiche régulièrement sa démarche raide et des moments de confusion - toujours montés en épingle par l'opposition.
Selon qui sera son adversaire républicain, la critique de l'âge sera plus ou moins cruelle.
Donald Trump, qui a annoncé sa candidature en novembre, a 76 ans ; le gouverneur de Floride, Ron DeSantis, qui pourrait se lancer à la fin du printemps, n'a en revanche que 44 ans.
Sur le papier, Joe Biden n'est guère populaire. Les courbes de popularité et de rejet de sa politique se sont croisées au moment du retrait d'Afghanistan à l'été 2021 et le solde n'est jamais revenu positif pour Joe Biden.
L'écart atteint encore dix points , entre ceux qui approuvent son action à la Maison-Blanche (43 %) et les mécontents (53 %), selon la moyenne des sondages synthétisée par Real Clear Politics.
Joe Biden peut néanmoins se targuer d'un bilan solide, avec trois textes majeurs approuvés avant les élections de mi-mandat pour réinvestir aux Etats-Unis : dans les infrastructures, les semi-conducteurs et la transition énergétique.
Le président a d'ailleurs entamé un long tour des Etats-Unis pour défendre son action, et ponctue déjà presque chaque visite d'une halte auprès des donateurs du parti démocrate pour gonfler les caisses avant la bataille des urnes.
Responsables et disciplinés
Il a aussi évité la cacophonie dans son gouvernement : aucun n'a voulu prendre l'ascendant ou la lumière, pas même l'ancien candidat à la primaire Pete Buttigieg.
Et si les démocrates ne sont plus majoritaires à la Chambre et seulement dotés d'une courte majorité au Sénat, ils n'ont pas joué les dissensions.
Tandis que les républicains ont toujours fustigé une gauche « radicale », elle a en réalité été particulièrement disciplinée et solidaire de l'agenda présidentiel.
Face à Joe Biden, le camp républicain n'a pas tourné la page Trump, qui pourrait préférer une politique de la terre brûlée plutôt que laisser la place à un autre candidat.
L'ambitieux gouverneur de Floride, Ron DeSantis, l'apprend déjà à ses dépens, avec des sondages moins flatteurs.
D'autant que Donald Trump a été remis en selle médiatiquement par son inculpation dans le dossier « Stormy Daniels », une procédure jugée fragile, y compris dans certains rangs démocrates.
Joe Biden pourrait néanmoins avoir intérêt à voir se rejouer un duel contre Donald Trump, plus clivant et accusé d'avoir déjà fait perdre son camp trois fois de suite : lors de la présidentielle en 2020 mais aussi aux deux dernières élections de mi-mandat en 2018 et l'an dernier, avec des résultats moins bons qu'espérés.
Nous rapporte Les Échos .