Viols de Mazan : Avant Gisèle Pelicot, Claudine Cordani première victime mineure à exiger un procès ouvert
Celle qui a demandé la levée du huis clos pour le procès de ses violeurs en 1985.
Claudine Cordani avait 17 ans lorsqu’elle a été victime de viols et de séquestration à Paris. Elle porte plainte dans les 48h et refuse le huis clos du procès de ses violeurs.
JUSTICE - Les faits remontent à 40 ans. Claudine Cordani a 17 ans lorsqu’elle est victime d’un viol collectif et de séquestration à Paris.
Quelques mois plus tard, en octobre 1985, face à la Cour d’assises, elle est la première victime de viol mineure à refuser le huis clos du procès des trois hommes qui seront condamnés à de la prison ferme.
Une décision qu’a choisi de prendre, elle aussi, Gisèle Pelicot, violée pendant dix ans par son mari qui la droguait et la livrait à des dizaines d’hommes.
Depuis le 2 septembre, le procès de son mari et de 51 autres hommes s’est ouvert à la cour criminelle du Vaucluse, à Avignon. Elle a souhaité « une publicité complète » de cette affaire, « totale, jusqu’au bout ».
Aujourd’hui, Claudine Cordani ne regrette pas le choix qu’elle a fait à 17 ans. Journaliste indépendante et militante contre les violences sexistes et sexuelles (VSS), sortie de l’anonymat en 2019, elle espère que « la justice sera à la hauteur de l’ignominie de ce procès ».
Le HuffPost. Pourquoi avez-vous demandé la levée du huis clos à l’époque ?
Claudine Cordani. C’était une intime conviction que j’avais : que ce n’était pas à moi d’avoir honte et que ce qui m’arrivait était profondément injuste. Je me suis dit que dès l’instant où des personnes intervenaient de cette façon dans nos vies, en en changeant le cours de manière si violente et criminelle, nous pouvions les exposer à la société.
Je voulais que les victimes ou les futures victimes sachent que ce n’est pas à nous d’avoir honte. Je viens d’une famille d’origine italienne catholique. Donc il y avait plein de choses qui ne se disaient pas. Je n’en ai pas parlé à mes parents à l’époque, un peu à mes frères et sœurs. Je voulais en parler à la justice, plutôt qu’à ma famille. Je ne voulais pas faire de la peine à mes proches mais je voulais que la société sache.
Je n’ai jamais regretté, jamais. Je pense qu’au contraire, si je ne l’avais pas fait, je l’aurais regretté. Pour moi, à ce moment-là, c’était vital de demander justice. Comme un instinct de survivante.
Parfois, on me dit que j’ai eu du courage mais je ne suis pas d’accord avec ce terme. Car cela voudrait dire que les victimes qui ne portent pas plainte, par exemple, ne sont pas courageuses.
C’est impossible de dire une chose pareille. J’ai rencontré des femmes qui étaient incapables de porter plainte parce que si elles le faisaient, elles avaient peur de se suicider, rapporte Huffington.