Yennayer : ce qu'il faut savoir sur cette célébration ancestrale!
Le Nouvel An amazigh, ou Yennayer, est une fête célébrée chaque année par les populations autochtones d’Afrique du Nord et leurs diasporas à travers le monde.
Marquée par une histoire riche et des traditions uniques, cette célébration symbolise le passage à une nouvelle année dans le calendrier amazigh.
Le mot "Yennayer" trouve son origine dans la langue berbère, où *yan* signifie "le premier" et *ayyur*, "mois". Ce terme désigne ainsi le premier mois de l'année.
Cette fête, qui se déroule entre le 12 et le 14 janvier, a été instituée comme jour férié en Algérie depuis 2018 et, pour la première fois, sera célébrée officiellement au Maroc le 14 janvier 2024, grâce à une décision royale.
Yennayer correspond au premier jour du calendrier agraire utilisé depuis des siècles par les Imazighen, terme qui désigne le peuple amazigh au pluriel. Ce calendrier s’aligne également sur le calendrier julien, décalé de treize jours par rapport au calendrier grégorien.
Origines historiques et culturelles des Imazighen
Les Imazighen sont le peuple autochtone du nord de l’Afrique, présent dans des pays comme le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, la Libye, l’Égypte, mais aussi dans certaines régions du Sahel, comme le Mali, le Niger ou encore les Îles Canaries.
Leur terre traditionnelle est connue sous le nom de Tamazgha. Malgré les vagues d’arabisation et d’islamisation, les langues et traditions amazighes subsistent, bien que menacées.
Le calendrier amazigh utilisé aujourd’hui, qui marque l’année 2974, puise ses origines dans des travaux menés par l’Académie berbère (Agraw Imazighen), une association fondée dans les années 1960 à Paris. Ce groupe de militants et intellectuels kabyles a œuvré pour préserver et promouvoir l’identité amazighe.
En 1982, Ammar Negadi, membre de cette association, a établi ce calendrier en le faisant remonter à l’intronisation du roi amazigh Sheshonq 1er, originaire de l’actuelle Libye. Ce dernier devint pharaon d’Égypte en 950 avant J.-C. en fondant la 22e dynastie.
Une fête enracinée dans le renouveau agraire
Bien qu’elle porte une charge historique, Yennayer est avant tout une fête marquée par des traditions agricoles. Les célébrations s’articulent autour du dîner de la veille, appelé "Imensi n Yennayer", moment clé de partage en famille.
On y prépare des plats spécifiques selon les régions, avec des ingrédients comme la semoule, les fruits secs, les légumineuses, l’huile d’olive ou d’argan, et le miel. Ces mets, souvent disposés dans un grand plat collectif, incarnent les valeurs d’abondance et de fertilité.
Les festivités incluent également des rituels de purification. Les maisons sont soigneusement nettoyées et des herbes ou branches d’arbres sont brûlées pour chasser les influences négatives, marquant ainsi un nouveau départ sous de bons auspices.
Les célébrations de Yennayer varient selon les régions, mais la musique, la danse et les habits traditionnels amazighs jouent un rôle central. Les femmes arborent souvent des bijoux anciens, et certains rites spécifiques, comme la coupe des cheveux des jeunes garçons ou des mariages, viennent renforcer les liens familiaux.
Cette fête, qui célèbre la longévité et la richesse, est aussi un moment pour formuler des vœux et échanger des souhaits de prospérité. Dans les communautés amazighes, il est d’usage de bien manger ce jour-là, symbolisant une année pleine de ressources et d’abondance.