Zimbabwe: Publicités sexistes pour du poulet à emporter
Mambo’s Chicken sous le feu des critiques au Zimbabwe !
Au Zimbabwe, la chaîne de restauration rapide Mambo’s Chicken fait face à des accusations de sexisme pour sa stratégie marketing controversée. En utilisant des sous-entendus dégradants envers les femmes, l'entreprise suscite l'indignation dans un pays où les questions féministes sont souvent négligées.
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Les publicités de fast-foods exploitant la sexualisation du corps féminin ne sont pas nouvelles. En 2019, en Afrique du Sud, une autre chaîne de restauration rapide avait été critiquée pour avoir utilisé des femmes sexualisées et des jeux de mots à connotation sexuelle, sans rapport direct avec le produit promu. À l'inverse, au Royaume-Uni, des réglementations ont été mises en place pour interdire les publicités véhiculant des stéréotypes de genre. Cependant, au Zimbabwe, ces pratiques persistent.
Selon Gibson Ncube, chercheur en études de genre à l'université du Zimbabwe, la stratégie marketing de Mambo’s Chicken est particulièrement problématique. Les publicités de la chaîne sont dénoncées pour leur représentation des femmes comme des objets sexuels, assimilant leur corps à de la nourriture.
Dans une publicité de Mambo’s Chicken, des termes comme « épais », « doux » et « gros » sont utilisés pour décrire à la fois les produits alimentaires et les parties du corps féminin, telles que les « cuisses », les « seins » et les « brioches ».
« Si elle est jaune, elle est épicée » : un slogan choquant
La situation économique du Zimbabwe s'est gravement détériorée depuis les années 2000, rendant les emplois rares. Gibson Ncube suggère que, dans ce climat, certains hommes privés de pouvoir ont recours au sexisme pour réaffirmer leur domination. « Il est crucial de dénoncer ces messages, car les questions relatives aux femmes ont été largement ignorées au Zimbabwe », explique-t-il. La sécurité des femmes dans l'espace public et leur participation à la vie politique restent des défis majeurs, exacerbés par une misogynie persistante.
Les publicités de Mambo’s Chicken, en s’appuyant sur l’humour sexuel, renforcent une forme de masculinité basée sur la consommation et la domination des femmes. Par exemple, un post publicitaire de la chaîne proclame : « Si elle est jaune, elle est épicée », accompagnant cette phrase d'une image de poulet avec du riz jaune. Le pronom « elle », utilisé pour décrire l’aliment, renforce un stéréotype qui associe les femmes à des objets de consommation. Gibson Ncube critique cette comparaison, affirmant qu’elle « renforce des normes de genre néfastes en associant les femmes noires à la peau plus claire à de la nourriture ».
De plus, ces stratégies marketing exploitent parfois la religion, en particulier dans les églises pentecôtistes, où des pasteurs, souvent appelés « papa », se positionnent comme figures d'autorité spirituelle, plaçant les hommes au sommet de l'ordre religieux.
Ces publicités ne sont pas seulement une question de mauvais goût, mais elles perpétuent des stéréotypes dangereux et dégradants qui nuisent aux progrès en matière d'égalité des sexes au Zimbabwe.