Affaire du Fonds Marianne en France : pourquoi le préfet Christian Gravel démissionne?
Le préfet français Christian Gravel a démissionné après un rapport accablant sur l’utilisation d’une subvention de 355 000 € du fonds Marianne.
Comment ont été répartis les 2,5 millions d’euros affectés au fonds Marianne ? Les doutes qui planent autour de l’utilisation de cet argent public, ont fait une première « victime » : Christian Gravel, le secrétaire général du CIPDR (le Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation) qui avait en charge ce fonds.
Ce dernier a démissionné mardi soir à la suite de la publication d’un rapport accablant de l’Inspection générale de l’administration (IGA) sur l’attribution d’une subvention de 355 000 € à une même association : l’USEPPM (Union des sociétés d’éducation physique et de préparation militaire).
Le fonds Marianne a été créé en avril 2021 afin de lutter contre les réseaux séparatistes sur Internet et défendre les valeurs de la République. Il avait été lancé par Marlène Schiappa, alors ministre déléguée à la Citoyenneté, après le choc causé par l’assassinat du professeur d’histoire-géographie, Samuel Paty.
Marlène Schiappa le 14 juin
Mais le choix des dix-sept associations sélectionnées (sur les 73 candidatures reçues) soulève des questions. Selon quels critères ? L’appel à projets n’a été ni transparent, ni équitable , souligne l’IGA. Mohamed Sifaoui, écrivain et journaliste, spécialiste de l’islamisme, qui a été rémunéré par l’USEPPM dans le cadre du fonds Marianne, a déjà indiqué dans un communiqué que ce sont les membres du cabinet de Marlène Schiappa qui ont insisté pour que je prenne part à cette action. Ce qu’a démenti, ce mercredi, l’ex-directeur de cabinet de la ministre.
Or, la subvention reçue par l’USEPPM (principale association à avoir été financée) a en définitive servi à financer du salaire à plus de 80 %, ne laissant quasiment rien pour les actions , s’est étonné il y a peu le sénateur Paul Raynal, qui préside une commission d’enquête parlementaire sur l’utilisation du fonds Marianne. Le volume et la qualité des publications sur les réseaux sociaux et Internet sont inférieurs à la production prévue , note également l’IGA à propos des 451 communications de l’USEPPM diffusées sur différents comptes, selon Ouest-France.
Au regard de cette faible production, l’Inspection générale de l’administration demande que le CIPDR réclame 127 476 € à l’USEPPM, soit près de la moitié de la subvention versée (266 250 € sur les 355 000 € promis). La commission d’enquête sénatoriale doit auditionner Marlène Schiappa le 14 juin.