ENTRETIEN- Chercheur politique malien : l’Afrique compte sur la Cop 28 pour débattre autour de l’injustice climatique
L'Afrique qui souffre plus que les autres des effets du changement climatique compte sur la Cop 28, prévue aux Emirats, pour débattre autour de l’injustice climatique, a indiqué M. Ousmane Keita, chercheur politique malien.
« La responsabilité de l’Afrique, historiquement, est moins dans l’émission mondiale (4%). Mais c’est le continent qui souffre plus du réchauffement climatique », a estimé dans une interview accordée à Al-Ain News, M. Ousmane Keita, chercheur en relations internationales, à la Faculté des sciences administratives et politiques (FSAP) de Bamako au Mali.
Et de souligner : « en plus de la pauvreté, ses populations sont vulnérables. Chaque année l’Afrique est touchée par les conséquences du réchauffement climatique telles que la sécheresse, la famine, les inondations …».
« A mon avis, c’est cette injustice climatique que l’Afrique doit mettre sur la table lors de la COP28 en tirant toutes les conséquences de la précédente », a-t-il soutenu.
Selon un rapport de la présidence de la COP publié sur le site, le Journal du Dimanche, « les pays du Sud auront besoin de plus de 2.000 milliards de dollars par an d’ici à 2030 pour financer leur action climatique. Faute de moyens, près de la moitié devra venir d’investisseurs extérieurs », a rappelé M. Ousmane Keita.
Abondant dans le même sens, il a expliqué : « ce rapport montre la faiblesse financière des pays du Sud particulièrement l’Afrique dans la prévention du réchauffement climatique. Donc la prochaine COP doit profiter l’Afrique de faire le plaidoyer pour que les pays du Nord prennent en compte l’inégalité de développement qui existe entre les deux pôles, afin de mettre à la disposition de l’Afrique le fonds nécessaire. Autant que les pays du Nord sont les plus industrialisés et qui dégagent plus de gaz à effet de serre ».
En ce qui concerne de le choix de Dr. Sultan Al-Jaber à la tête de la COP 28, M. Ousmane Keita a estimé que : « les défenseurs de l’environnement doivent prendre le temps d’analyser le choix de Sultan Al Jaber. Cet ainsi, Timmermans disait « prendre le temps de regarder, vous verrez que c’est un homme que vous devez prendre au sérieux et qu’il est bien placé pour nous mener vers une COP28 réussie », a-t-il cité.
Sultan Al-Jaber est le mieux placé pour connaître les enjeux des émissions de gaz. Vu qu’il assure la présidence d’une compagnie pétrolière, il est bien informé de la croissance et de ce fait mieux avertit des conséquences, a relevé le chercheur malien.
Le vide laissé par le départ des forces françaises du Sahel, une vraie menace
Après avoir fait observer que le terrorisme est une guerre asymétrique que les armées des pays du Sahel ne sont pas formées pour faire face, M. Ousmane Keita a rappelé, néanmoins, que cette guerre constituait une menace internationale.
« Ce qui fait intervenir les pays occidentaux particulièrement la France dans la lutte au côté des pays du Sahel. Mais ces derniers mois le sentiment anti-français oblige les autorités françaises de retirer leurs dispositions militaires du Sahel », a-t-il précisé.
Pour M. Keita cette situation crée un vide en matière de lutte contre le terrorisme au Sahel, car les armées de pays du Sahel ont désormais la charge de protéger toutes les zones couvraient par les militaires français.
Les pays du sahel comptent désormais sur leurs armées nationales pour lutter contre le terrorisme, a-t-il indiqué.
Le chercheur malien a mis l’accent sur « l’impératif sur le fait que beaucoup de pays de la zone comptent sur des nouveaux partenaires hors de la sous régionale, qui ont un poids sur la sphère internationale, pour remplacer la France, citant la Russie et son organisation paramilitaire Wagner ».
« Le rapprochement de la Russie est interprété par les pays du Sahel comme un partenariat fiable et gagnant dans la lutte contre le terrorisme, a-t-il conclu.