Mali: les Maliens divisés au sujet de la laïcité !
La Ligue des imams du Mali et plusieurs autres organisations musulmanes avaient recommandé à la commission de rédaction de la nouvelle Constitution d’intégrer certains points.
Il s'agit notamment de la prestation de serment du futur président de la République sur le coran, ou encore la glorification du nom de Dieu dans le préambule de la nouvelle Constitution.
Le président du collectif des associations musulmanes du Mali estime que "le maintien de la laïcité de l’école a conduit les générations de l’après indépendance à la promotion d’une gouvernance sans Dieu, une gouvernance athée et une aversion viscérale vis-à-vis de l’islam."
Islamisation du Mali?
Mais pour Djaworo Gabriel Tienou, traditionnaliste et pratiquant du culte des ancêtres, à savoir l’animisme, l’objectif de ceux qui s’opposent au maintien du mot laïcité dans le projet de nouvelle Constitution serait l’islamisation du pays.
"Certains aspirent à une autre forme de République et estiment que la laïcité pourrait constituer un frein à leur vision de la chose religieuse, à leurs ambitions de gouvernance. Je veux parler d’un Etat islamique par exemple qui est promis par un certain nombre de Maliens, beaucoup plus également par un courant religieux qu’on pourrait appeler le wahhabisme. Ceux-ci estiment que le Mali est suffisamment islamisé pour adopter un contexte beaucoup plus favorable à la religion, en lieu et place de l’ensemble des cultes et pratiques religieuses", explique Djaworo Gabriel Tienou.
Des femmes et enfants après que la fondation Turkey Diyanet a foré un puits d'eau dans un village près de Bamako, au Mali.
Plus de 90 % des Maliens sont musulmans. Image : Mehmet Kaman/AA/picture alliance
Selon Ibrahim Ndiaye, membre du Haut conseil islamique, une institution qui chapeaute les organisations islamiques du Mali, l’erreur toutefois serait de mélanger Constitution et religion. "La Constitution n’est pas une affaire religieuse", insiste Ibrahim Ndiaye.
Il ajoute que "la Constitution est claire et nette. Elle détermine les pouvoirs publics, le rôle des institutions, les relations entre les institutions, les libertés fondamentales, les devoirs des citoyens et les différents pouvoirs ainsi que leurs interactions. C’est cela la Constitution. Nulle part, on ne fait évocation de la religion."
La Ligue des imams du Mali (Limama) et une vingtaine d’associations qui s’opposent au maintien du mot laïcité dans le projet de nouvelle Constitution indiquent qu’elles feront savoir leur position avant le 2 juin prochain, date de l’ouverture de la campagne électorale en vue du référendum constitutionnel. Selon DW.