Afrique : Nouvelles révélations sur un trafic de bois de rose entre le Mali et le Sénégal
Un consortium de journalistes sénégalais mené par PPLAAF confirme les révélations d’un lanceur d’alerte sur un pillage massif, le trafic de bois de rose le long des frontières du Mali et du Sénégal.
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Depuis 2020, PPLAAF accompagne Amadou Traoré, un lanceur d’alerte malien ayant dénoncé le trafic de bois de rose le long des frontières du Mali et du Sénégal. Ce trafic, qui implique des compagnies maritimes européennes au profit de la Chine, persiste, a déclaré la Plateforme de Protection des Lanceurs d’Alerte en Afrique (PPLAAF) aujourd’hui
Mais malheureusement, selon le communiqué reçu, en raison de représailles, Amadou Traoré a été contraint de fuir son pays d’origine. Ses révélations ont conduit à l’adoption de mesures pour mettre fin au trafic, entraînant le blocage de certains conteneurs dans les ports et aux frontières. Ces mesures ont été renouvelées, exposant davantage le lanceur d’alerte à des représailles
Les informations et documents partagés par le lanceur d’alerte ont conduit à la mise en place d’un consortium de journalistes sénégalais, coordonné par PPLAAF. Ce consortium de journalistes a bénéficié d’une formation à Dakar en septembre 2022 sur le lancement d’alerte et la criminalité financière, organisée par PPLAAF et Expertise France dans le cadre du projet OCWAR-M.
Pour rappel, PPLAAF est une organisation non gouvernementale créée en 2017 pour protéger les lanceurs d’alerte, ainsi que pour plaider en faveur de leurs intérêts et s’engager dans des litiges stratégiques en leur nom lorsque leurs révélations touchent l’intérêt général des citoyens africains.
« Même si les premières révélations d’Amadou Traoré sont anciennes, son alerte reste d’actualité aujourd’hui puisque le trafic de bois rose continue à sévir », a dit Jimmy Kandé, directeur de PPLAAF en Afrique de l’Ouest. « PPLAAF reste mobilisée pour que cesse la destruction de la forêt ».
Le document souligne que grâce à l’appui du fonds Pulitzer et sous la coordination de PPLAAF, le consortium a mené une enquête approfondie sur le trafic de bois de rose pendant environ un an. Les premiers résultats de cette enquête ont été publiés en juillet 2023 dans trois médias sénégalais : L’Enquête, GFM et Sen TV.
Les investigations ont révélé une série d’événements alarmants liés au pillage massif du bois de rose, également connu sous le nom de « bois de Vène » dans les forêts du Mali. Selon les journalistes, des trafiquants chinois, en collusion avec des hommes d’affaires et des autorités au Sénégal et au Mali, parviennent à exploiter les forêts maliennes en versant des pots-de-vin aux chefs de village locaux.
Initialement centrés en Casamance, au Sénégal, les trafiquants chinois et leurs complices de la région utilisaient la Gambie comme point de transit pour expédier le bois en Asie, en particulier en Chine. Cependant, en raison de l’épuisement des stocks de bois en Casamance, le trafic s’est déplacé vers le Sud-Est, le long de la frontière avec le Mali, notamment dans les régions de Tambacounda et Niokolo-Koba.
Bien que le Mali soit l’épicentre de ce trafic, le Sénégal est également impliqué en tant que pays de transit et d’approvisionnement.
Alors que le commerce du Pterocarpus erinaceus (bois de Vène) est suspendu par la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacés d’extinction (CITES), les trafiquants auraient réussi à influencer certaines autorités pour obtenir des dérogations illégales leur permettant de couper et d’exporter du bois.
La région de Saraya, située dans la région de Kédougou au Sénégal, est mentionnée comme une possible zone de coupe de bois, bien que les preuves tangibles fassent défaut selon les responsables locaux. Les contrôles le long de cette route sont limités, ce qui rend difficile la détection du trafic de bois.
PPLAAF note que le trafic de bois coupé au Mali serait principalement passé par le Sénégal, notamment par le port de Dakar.
Selon les journalistes, en août 2022, les autorités sénégalaises ont sévi, saisissant 124 conteneurs de bois de rose malien. Le Mali serait parvenu à lever la saisie en invoquant une exception de la CITES. Toutefois, le trafic de bois de rose persiste et passerait dorénavant, selon les journalistes, par la Mauritanie.
Ce trafic lucratif constitue une importante source de revenus pour les trafiquants et leurs complices, qui acheminent le bois vers le marché chinois, où la demande pour le bois de rose est très élevée. Les trafiquants s’appuieraient également sur les routes utilisées par les entreprises majeures du secteur maritime international.
Les conséquences de ce trafic sont préoccupantes pour la biodiversité et l’environnement local. En ce sens, Amadou Traoré précise que « pour abattre convenablement un grand arbre centenaire, il est nécessaire d’abattre, des dizaines d’arbrisseaux pour accéder à celui-ci ». Les défenseurs de l’environnement au Mali et au Sénégal s’inquiètent du manque de contrôle efficace et du pouvoir considérable des transporteurs sur les routes. Bien que des contrôles inopinés soient effectués périodiquement, le trafic de bois de rose demeure un défi majeur dans la région, selon Lactuacho.