Ahmed Rouadjia politologue algérien à Al Ain News : L'Algérie et la France entretiennent une mosaïque de relations qui existent toujours
L'écrivain, historien et politologue algérien, le professeur Ahmed Rouadjia, dans des déclarations exclusives à Al-Ain News, parle de l'Algérie et de ses relations avec la France et de nombreux dossiers épineux dans le monde.
Le professeur Ahmed Rouadjia a de nombreuses opinions qui pourraient contredire le cours du courant, et lorsqu'on lui a d'abord demandé, en tant que spécialiste des affaires françaises et algériennes, la différence intellectuelle entre les universités algériennes et françaises, le professeur a été décisif que l'université française avait une supériorité qualitative à cause de nombreuses raisons. Contrairement à l'université algérienne. La raison la plus importante, selon M. Ahmed Rouadjia, est que l'université française a pu produire des noms qui auraient un impact sur le monde et la science.
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« Il y a de grandes différences entre les deux systèmes universitaires et ces différences se situent à plusieurs niveaux. Le premier niveau est que la France est une vieille nation- colonisatrice de surcroît- qui dispose d’une longue tradition universitaire et scientifique, alors que l’Algérie est une jeune nation sortie à peine de la longue nuit coloniale et ne dispose, de ce fait, que d’une courte expérience en matière d’enseignement et de recherche. Le second niveau de différence entre les deux pays réside dans la qualité de l’enseignement qui s’avère bien meilleur en France qu’en Algérie pour des raisons qui tiennent justement à l’histoire respective des deux pays dont l’un –la France- dispose d’une somme d’expérience de près de 11 siècles, puisque la Sorbonne a été fondée en 1257, alors que l’Université d’Alger qui a été créée par le France remonte au 30 décembre 1909, soit 652 ans après la fondation de la première université française… » a analysé le scientifique algérien
L'écrivain algérien a mentionné quelques noms qui déterminent l'excellence scientifique de l'école ou de l'université française, selon lui,
• Ambroise Paré (1509-1590) : La renaissance de la médecine
• François Viète (1540-1603) : L'or des Grecs
• Bernard Palissy (1510-1590) : Le potier savant
• René Descartes du Perron (1596-1650) : Maître et possesseur de la nature
• Blaise Pascal (1623-1662) : Mystique, mathématique et physique
• Pierre de Fermat (1601-1665) : Le génial amateur
• Jean-Antoine Nollet (1700-1770) : Le show électrique
• Louis Pasteur (1822-1895), physicien et chimiste.
• Marie Curie (1867-1934), physicienne et chimiste.
• Hélène Metzger (1889-1944), épistémologiste.
• Claude Lévi-Strauss (1908-2009), ethnologue.
• Jules Hoffman (1941-), biologiste.
• Katia Krafft (1942-1991), volcanologue.
« De l’université algérienne post- indépendance, il n’est rien sorti, à ma connaissance, comme scientifique algérien de grande envergure. La différence entre les deux pays réside dans cette différence qualitative… » a conclu M. Ahmed
La mémoire…
Evoquant le dossier de la mémoire, et comment la France traite, l'exigence permanente de l'Algérie de régler cet épineux dossier, M. Ahmed Rouadjia voit que les deux pays sont en lutte idéologique pour s'imposer, chacun aux dépens de l’autre « Cette question de la mémoire entre les deux pays relève d’une querelle politique, et constitue une véritable pomme de discorde entre les deux pays dans la mesure où chacun d’eaux s’efforce de faire valoir sa mémoire au détriment de l’autre. Côté algérien, on exige repentance au sens quasi religieux ; côté français, on veut faire accréditer l’idée que les deux mémoires sont équivalentes et ayant subi des dommages collatéraux »
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L'écrivain Ahmed estime également que la France, pour sa part, estime avoir subi des pertes qui seraient parallèles à celles réclamées par l'Algérie, car les deux pays sont victimes de la guerre, selon le point de vue de la France « Et que la repentance mise en avant par l’Algérie n’est pas justifiée dans la mesure où la mémoire française a subi elle aussi de graves blessures, sinon autant que la mémoire algérienne…Nous sommes en présence d’un langage de sourds dès lors qu’il y a désaccords sur la manière de revendiquer la mémoire… » a dit le Politologue M. Ahmed Rouadjia
L’Algérie, la France et les grandes puissances
Il ne fait aucun doute que la rue algérienne est un observateur constant de la relation historique qui lie l'Algérie à la France, aux États-Unis et à la Russie en tant que grandes puissances. A cet égard, le professeur Ahmed a commenté la relation actuelle de l'Algérie avec ces pays, notamment dans le contexte de la guerre actuelle en Ukraine, et lorsqu'on lui a demandé si l'Algérie actuelle est sous l'impérialisme américain, l'écrivain a répondu « L’Algérie n’a jamais été touché de près ou de loin par « l’impérialisme américain », et les relations avec les Etats-Unis ont toujours été bonnes entre les deux pays. Les Américains avaient été même favorables à l’indépendance de l’Algérie, de son affranchissement de la tutelle française. Après l’indépendance du pays, ces relations américano-algériennes s’étaient développées, et leurs relations politiques et économiques n’ont pas pâté en dépit des liens que l’Algérie avait développés avec le camp socialiste du temps de l’Union soviétique. Elle maintenait des rapports équilibrés entre les deux superpuissances de l’époque et elle continue de le faire » Ajoute le politologue M. Ahmed Rouadjia
Et à propos de la ‘’nouvelle’’ relation algéro-française, l'écrivain et historien algérien estime qu'il existe de nombreux domaines qui relient encore et toujours les deux pays et les conduisent l'un à l'autre. « Pour ce qui concerne la France, l’Algérie en est encore dépendante sur plusieurs plans : économique, politique et humain. L’inverse est vrai, puisque la France dépend de l’Algérie sur les trois plans : économique (énergie), politique (migrations clandestines), sécuritaire (terrorisme) et humain (échange de personnes dans les deux sens). Quant à la Russie, elle est depuis longtemps un partenaire clé de l’Algérie, surtout en matière militaire, voire même stratégique. Cette orientation n’est donc pas nouvelle… » a ajouté M. Ahmed Rouadjia.
La guerre en Ukraine
L'écrivain, M. Ahmed, estime que l'idéologie politique de l'Algérie est toujours la même en essayant d'imposer le respect de la souveraineté, ce qui, selon lui, a eu un impact positif sur la dynamique des relations de l'Algérie avec les autres pays.
« Cette guerre russo-ukrainienne ne change pas fondamentalement les positions politiques de l’Algérie, qui restent constantes : la neutralité et la non-ingérence dans les affaires des Etats souverains. Elle exige de même le respect de ses partenaires de la souveraineté nationale » a commenté l'écrivain lorsqu'il a été interrogé sur la relation souveraine de l'Algérie dans le contexte de la guerre en cours et des tensions entre les superpuissances.