Alger, le berceau des révolutions : une histoire d'amour indéfectible
Alger, la capitale de l'Algérie, a toujours été un lieu de ralliement pour les militants révolutionnaires, indépendantistes et anticolonialistes.
Les paroles célèbres d'Amílcar Cabral, leader indépendantiste bissau-guinéen, et de Nelson Mandela témoignent de cette connexion profonde entre Alger et ces mouvements.
Mais qu'est-ce qui fait d'Alger un tel bastion révolutionnaire ? Pour comprendre, il faut remonter dans le temps. L'Algérie était la plus ancienne colonie d'Afrique du Nord, sous le joug français pendant 124 ans jusqu'au déclenchement de la guerre d'indépendance en 1954.
Alors que la France tardait à reconnaître cette guerre comme telle, les Algériens la considéraient comme une véritable révolution, à la fois militaire, sociale et idéologique.
Après l'indépendance en 1962, cette conviction révolutionnaire ne faiblit pas, au contraire, elle s'inscrit dans les institutions de l'État. L'Algérie devient une "République algérienne populaire et démocratique" et se dote d'une Assemblée nationale populaire.
Les idées de révolution communiste et des pays socialistes influencent le vocabulaire et la vision du nouvel État. L'historien Mohammed Harbi, fervent trotskiste, contribue à façonner la doctrine révolutionnaire de l'Algérie indépendante.
Pendant plus d'une décennie, de 1962 à 1974, Alger devient un véritable refuge pour les mouvements révolutionnaires du monde entier. Le FLN (Front de libération nationale) soutient financièrement et accueille les partis indépendantistes de tous les continents, allant de l'IRA (Armée républicaine irlandaise) au Front de libération du Québec, en passant par des mouvements moins connus. Alger devient ainsi la "Mecque des révolutionnaires", offrant un soutien inconditionnel à ces luttes anticoloniales.
Des personnalités emblématiques marquent cette relation révolutionnaire entre Alger et les mouvements internationaux. Che Guevara, le révolutionnaire cubain, rend hommage à l'Algérie en participant aux commémorations de l'indépendance en 1963.
Alger devient un point de convergence entre La Havane et la capitale algérienne, où des liens solides se tissent. Parallèlement, la solidarité envers la Palestine et les mouvements américains des droits civiques, tels que les Black Panthers, trouve également un écho à Alger.
Un moment marquant de cette période est le Festival culturel panafricain d'Alger en 1969, qui célèbre la révolution algérienne et érige Alger en capitale de l'Afrique et du panafricanisme.
Cet événement contraste avec les commémorations du centenaire de l'Algérie française, soulignant l'opposition aux anciens régimes coloniaux.
Même aujourd'hui, Alger continue de soutenir ouvertement ou discrètement les mouvements sahraouis et sahéliens, perpétuant ainsi l'héritage révolutionnaire du passé.
Renoncer à cette histoire serait renoncer à une part de l'identité nationale algérienne. Alger demeure un symbole de résistance et d'amour pour les militants révolutionnaires du monde entier.