Analyse : L'Initiative tripartite du Burkina Faso, du Mali et du Niger... Vers une sécurité partagée ?
Lutte contre l'Insécurité au Sahel
L'annonce récente de la création d'une force militaire conjointe entre le Burkina Faso, le Mali et le Niger marque un tournant significatif dans la lutte contre l'insécurité persistante qui afflige ces trois nations sahéliennes.
Cette alliance stratégique, formalisée lors d'une réunion historique à Niamey le 6 mars 2024, témoigne de la volonté commune des gouvernements concernés de faire face aux défis sécuritaires qui menacent la région et ses populations.
Contexte et motivations
Depuis plusieurs années, le Burkina Faso, le Mali et le Niger sont aux prises avec une insécurité croissante causée par des groupes terroristes, des milices armées et des groupes criminels opérant dans les vastes étendues désertiques du Sahel. Ces attaques, souvent meurtrières, ont semé la terreur parmi les civils, déstabilisé les institutions gouvernementales et entravé le développement économique et social de la région. Face à cette menace persistante, les dirigeants de ces trois pays ont reconnu la nécessité d'une réponse collective et coordonnée pour contrer efficacement ces groupes armés et restaurer la sécurité.
Objectifs et structure de l'alliance
La création de la force militaire conjointe s'inscrit dans le cadre de l'Alliance des États du Sahel (AES), une coalition régionale établie en septembre 2023 dans le but de renforcer la coopération sécuritaire et de promouvoir la stabilité dans la région. Cette force conjointe, qui opérera sous l'égide de l'Alliance, sera composée des armées du Burkina Faso, du Mali et du Niger, et bénéficiera d'un mandat clair pour mener des opérations militaires coordonnées contre les groupes terroristes et les éléments perturbateurs qui menacent la sécurité et la stabilité de la région. Un concept opérationnel détaillé sera élaboré afin de guider les actions de la force conjointe et de maximiser son efficacité sur le terrain.
Défis et enjeux
Malgré les aspirations louables de cette initiative, l'alliance sécuritaire sera confrontée à plusieurs défis majeurs dans sa mise en œuvre. Tout d'abord, la nature diffuse et mouvante de l'ennemi auquel elle fait face rendra la lutte contre le terrorisme particulièrement complexe et exigeante. Les groupes terroristes opèrent souvent dans des zones reculées et difficiles d'accès, ce qui nécessitera une planification minutieuse, des capacités de renseignement améliorées et une coordination étroite entre les forces armées des trois pays. De plus, les ressources financières et logistiques nécessaires au fonctionnement efficace de la force conjointe pourraient poser problème, en raison notamment du retrait progressif du soutien financier international, tel que celui fourni par l'ONU et la France.
Perspectives et évaluation future
L'efficacité opérationnelle de l'alliance sécuritaire ne pourra être pleinement évaluée que sur le terrain, à mesure que la force conjointe entreprendra des actions concrètes contre les groupes terroristes et les éléments perturbateurs. Il sera crucial de surveiller de près l'évolution de la situation sécuritaire dans la région et d'analyser les résultats obtenus par la force conjointe. En outre, il conviendra de suivre de près l'évolution des relations entre les États membres de l'Alliance des États du Sahel, ainsi que leur capacité à maintenir une coopération efficace à long terme dans le cadre de cette alliance sécuritaire.
L'alliance sécuritaire entre le Burkina Faso, le Mali et le Niger représente une étape importante dans la lutte contre l'insécurité au Sahel et dans la promotion de la stabilité régionale. Cependant, sa réussite dépendra de la capacité des pays membres à surmonter les défis auxquels ils sont confrontés et à coordonner efficacement leurs efforts pour garantir la sécurité et la stabilité dans la région. Seul le temps dira si cette initiative régionale parviendra à atteindre ses objectifs ambitieux et à répondre aux attentes des populations sahéliennes qui aspirent à vivre dans la paix et la sécurité.