Attaques d'épaulards : des bateaux coulent au large de l'Espagne
Au large des côtes de l’Espagne et du Portugal, un groupe d’orques multiplie les attaques contre les petits bateaux. Certains scientifiques croient qu’ils pourraient agir par vengeance.
Le 22 mai, le navigateur français Sébastien Destremau et son équipage se trouvaient dans la péninsule Ibérique, située à la pointe sud-ouest de l’Espagne, quand leur voilier a été pris pour cible par huit orques. Pendant une heure, les énormes mammifères marins se sont relayés pour s’en prendre au gouvernail et à la coque du navire.
«C’était terrifiant de sentir un bateau de quinze tonnes se faire secouer comme une coquille de noix», a affirmé le capitaine au réseau français TF1.
Plus de peur que de mal pour l’équipage français, puisque leur voilier n’a pas été gravement endommagé. Mais tous n’ont pas eu la même chance.
Le 4 mai, dans le détroit de Gibraltar, un trio d’orques a si gravement abîmé la coque d’un bateau qu’il a coulé. Il s’agissait du troisième naufrage lié à des orques depuis juillet 2022, selon 24heures.
Depuis 2020, le groupe de travail sur les orques de l’Atlantique (GTOA) a répertorié 49 cas de contact apparemment volontaire entre des petites embarcations nautiques et les groupes d’orques de cette région. Dans une dizaine de cas, les assauts ont été si sérieux que le navire a été mis hors d’état de naviguer. Ces attaques durent en moyenne 30 minutes, mais peuvent s’étendre jusqu’à deux heures. Les animaux de la péninsule Ibérique seraient les seuls au monde à agir ainsi, selon le groupe de scientifiques.
Par vengeance?
Les orques ont la réputation d’être des animaux particulièrement intelligents, capables de s’apprendre différents comportements entre eux. Des études ont déjà démontré qu’ils ont la capacité de s’organiser pour mener des attaques coordonnées d’une rare violence, d’où leur nom anglophone : killer whales (baleines tueuses en français).
Selon le biologiste marin de l’Université d’Aveiro au Portugal, Alfredo Lopez Fernandez, une femelle serait à l’origine de la vague d’attaques qui ont eu lieu près des côtes Espagnole.
La théorie la plus rependue est que cette femelle aurait subi un événement traumatisant impliquant un bateau, ce qui la pousse maintenant à attaquer pour se défendre.
Elle aurait ensuite montré aux autres adultes de son groupe à faire de même. Il pourrait donc s’agir d’un phénomène d’entraînement, plus que d’une volonté d’attaquer les flottes humaines.
Certains scientifiques croient également que les orques le font par plaisir.
Quoi qu’il en soit, les experts s’accordent pour dire que la sous-population des orques de cette région du globe, où la circulation maritime est très intense, est en danger. Ils ne sont plus que 39 à y vivre, et ces contacts avec les bateaux pourraient aggraver leur sort. Les orques pourraient en effet se blesser lors d’attaques ou être attaquées par des navigateurs.