Algérie : grève de la faim de Boualem Sansal
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Boualem Sansal a décidé de commencer une grève de la faim pour protester contre les pressions qu'il subit afin de changer d'avocat.
Incarcéré en Algérie depuis la mi-novembre 2024, l’écrivain franco-algérien, dont la santé se dégrade depuis plusieurs semaines, a opté pour cette forme de protestation.
L’information a été relayée par son avocat, François Zimeray, qui a appris la nouvelle par une source judiciaire et a exprimé sa vive inquiétude concernant la santé de son client. « Je m'inquiète pour sa santé, ainsi que pour la possibilité même de garantir un procès juste », a-t-il déclaré.
La grève de la faim de Boualem Sansal fait suite aux pressions qu'il a subies pour changer d’avocat. Actuellement, il est défendu par trois avocats algériens désignés par le bâtonnier d’Alger. Selon son avocat, Boualem Sansal commence à « perdre espoir ».
François Zimeray, qui a multiplié les demandes de visa pour se rendre en Algérie, a vu toutes ses requêtes rejetées, ce qui l’a empêché de défendre son client sur place.
« Privé de contacts avec ses proches, sans accès à son dossier et incapable de se défendre, il commence à perdre espoir », a expliqué l’avocat.
Boualem Sansal, âgé de 75 ans, est accusé en vertu de l’article 87 bis du Code pénal algérien, qui punit « comme acte terroriste ou subversif, toute action menaçant la sûreté de l’État, l’intégrité du territoire, la stabilité et le bon fonctionnement des institutions ».
D'après Le Monde, ses propos dans un entretien avec le média français Frontières auraient été mal perçus par l’Algérie, notamment ceux relatifs à la position du Maroc sur la question de la colonisation française, qui aurait, selon lui, amputé le territoire marocain au profit de l’Algérie.
Enfin, il est important de noter que la chambre d’accusation de la cour d’appel d’Alger a rejeté, mi-décembre dernier, la demande de remise en liberté de Boualem Sansal.
Macron a accusé l’Algérie de déshonneur
L’affaire Boualem Sansal a suscité la réaction du président de la France, Emmanuel Macron. Le 6 janvier dernier, il avait lancé un grand coup de gueule, en accusant l’Algérie de « déshonneur ».
« L’Algérie, que nous aimons tant et avec laquelle nous partageons tant d’enfants et tant d’histoires, entre dans une histoire qui la déshonore, à empêcher un homme gravement malade de se soigner. Ce n’est pas à la hauteur de ce qu’elle est », a-t-il dit, devant les ambassadeurs français réunis devant l’Élysée.
Le président français ne s’est pas arrêté là. Il a interpellé l’état algérien de libérer Boualem Sansal. « Et nous qui aimons le peuple algérien et son histoire, je demande instamment à son gouvernement de libérer Boualem Sansal », a-t-il ajouté.