Burkina Faso : Pourquoi la Russie et le Mali ont envoyé des hommes pour le leader Ibrahim Traoré ?
La confusion règne toujours en Burkina Faso…
Les médias locaux et internationaux affirment que la Russie et le Mali ont envoyé des hommes pour défendre le leader Traoré d’un éventuel coup d’État… Selon les plus récentes informations, l'officier militaire et président de transition du pays risque d'être la cible d'une nouvelle action musclée de l'armée, dont les rangs sont remplis de mécontentement.
Burkina Faso : Ibrahim Traoré réapparu, mais les incertitudes persistent
En fait, l'équilibre fragile sur lequel repose le Burkina Faso vacille après le double coup d'État qui a porté le colonel au pouvoir en 2022 Ibrahim Traore. Il aurait été emmené en lieu sûr par son service de sécurité. C'est ce qu'affirment diverses sources sécuritaires citées par le journal « Le Monde » qui, en reconstituant certains événements de ces derniers jours, soulève des questions sur l'avenir de la junte militaire actuelle. Depuis mercredi dernier, hormis une brève apparition publique, Traoré s'est fait plus discret, renforçant les rumeurs d'une éventuelle mutinerie d'une partie de l'armée. Pour défendre sa personne, a révélé la chaîne "RFI", entre 80 et 120 militaires maliens et mercenaires russes de l'ancien groupe Wagner sont déjà arrivés dans la capitale Ouagadougou, désormais intégrée au Corps Afrique sous le contrôle du ministère de la Défense de Moscou.
Les unités auraient été destinées à la ville de Dori, non loin de Mansila, où une récente attaque revendiquée par les jihadistes du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (Jnim), affilié à Al-Qaïda, a causé la mort d'au moins 107 personnes. militaires de l'armée burkinabè et l'enlèvement d'autres personnes. Des sites spécialisés dans le suivi des vols ont confirmé qu'un avion loué par la compagnie russe Abakan Air – un Ilyushin (II-76), un avion de transport militaire capable d'accueillir un grand nombre d'hommes et d'importantes quantités de matériel – a voyagé quatre fois depuis Gao, au nord du Mali, à Ouagadougou, entre samedi 15 et lundi 17 juin, puis réalisera plusieurs liaisons entre Bamako et Ouagadougou entre lundi 17 et mardi 18 juin, rapporte Nova News.
Traoré a été secrètement emmené hors du palais de Koulouba
Selon la reconstitution des médias locaux, le colonel Traoré a été secrètement emmené hors du palais de Koulouba (siège de la présidence) à Ouagadougou la semaine dernière, dans le cadre d'un protocole d'urgence activé après l'attaque jihadiste de Mansila (à la frontière avec le Niger). le 12 juin et la fusillade survenue le lendemain près du bâtiment où se trouvait Traoré. Officiellement défini comme "un accident", ce dernier épisode a vu deux balles pénétrer dans le siège de la télévision nationale "RTB", situé à proximité de la présidence, faisant deux blessés légers. La fusillade, selon des sources, impliquait des membres de la garde présidentielle de Traoré, l'unité militaire qui a été
protagoniste des deux coups d'État menés dans le pays, le premier le 23 janvier 2022 pour destituer l'ancien président. Roch Marc Christian Kaboré, le deuxième en septembre suivant pour renverser le colonel - lui-même putschiste - Paul Henri Sandaogo Damiba. L'accident a également causé des dommages à certains véhicules et engins stationnés dans la cour, et pour vérifier ce qui s'était passé, une délégation gouvernementale conduite par le ministre de la Communication, de la Culture, des Arts et du Tourisme s'est rapidement rendue sur place. Jean-Emmanuel Ouedraogo.
Considérée comme l'une des attaques les plus graves subies par les forces armées du Burkina Faso, l'attaque de Mansila a été définie par certaines sources sécuritaires interrogées par "Le Monde" comme la goutte d'eau qui a fait déborder le vase dans l'équilibre militaire déjà précaire du pays. Alors que de furieuses fusillades faisaient rage autour du camp militaire de la ville, des rumeurs sur une possible mutinerie d'une partie de l'armée ont en effet commencé à se répandre et un document intitulé « Appel à tous les soldats » est apparu sur les réseaux sociaux, qui demandait à tous les « soldats patriotes et combattants » pour « rester mobilisés pour mettre fin à ce régime ». Le document est attribué à des figures des Volontaires de la Patrie (VDP), l'unité d'autodéfense composée de particuliers qui soutiennent l'armée dans la lutte contre le terrorisme, et s'adresse aux militaires de tous niveaux (VDP, policiers, gendarmes).
Un nouveau coup d'Etat
Selon une source sécuritaire citée par "Le Monde", de véritables négociations sont toujours en cours au sein même de l'armée en vue d'organiser un nouveau coup d'Etat. Cette thèse est étayée par les nombreux enlèvements et arrestations de plusieurs militaires, appartenant à différents corps d'armée, qui ont contribué à accroître le niveau de frustration et de colère parmi les militaires. Dans le pays, par ailleurs, la liste des coups d'État – réussis ou tentés – est longue, et les troubles dans les rangs de l'armée ont régulièrement contribué à provoquer des secousses plus importantes au sommet du pouvoir. Le 26 septembre 2023, un coup d’État déjoué a conduit à l’arrestation de plusieurs officiers de gendarmerie, tout comme le 20 janvier une autre tentative d’action de force impliquant des militaires d’active, des officiers expulsés, des civils et des militants. Outre l'épisode du 12 juin, des coups de feu à proximité de la présidence de Ouagadougou avaient déjà été enregistrés le 17 mai, suscitant des inquiétudes sur la stabilité du gouvernement militaire au pouvoir.
Les épisodes de la semaine dernière ont également clairement démontré les engagements que le Burkina Faso, le Mali et le Niger – réunis au sein de l’Alliance des pays du Sahel (AES) – ont pris pour une défense mutuelle. Si le rapprochement avec Moscou et le partenariat régional ont longtemps été des éléments palpables dans les manifestations pro-junte organisées au lendemain du coup d'Etat déjoué à Ouagadougou, où ressortent les drapeaux du Mali, du Niger et de la Russie, l'arrivée au Burkina Faso d'environ Une centaine de soldats et mercenaires maliens Africa Corps est une expression concrète de la défense territoriale étendue à un pays allié. L'opération démontre le contrôle de moins en moins fort que les militaires au pouvoir au Burkina Faso sont capables d'exercer sur leur territoire, dont plus de 60 pour cent est aux mains de raids jihadistes, ainsi que le difficile exercice de l'autorité que les jeunes chefs militaires sont appelés à apprendre, en restant effectivement exposés aux ambitions changeantes et aux fortes insatisfactions des généraux de l’armée.
Il est difficile, pour le moment, d’identifier les esprits possibles derrière une nouvelle action énergique. L'élément le plus redouté, le lieutenant-colonel Mohamed Arsalane Emmanuel Zoungrana, a été enlevé le 29 mai dernier par des hommes armés alors qu'il quittait la villa où il était détenu par la justice militaire et on est sans nouvelles de lui depuis environ un mois. Considéré comme le cerveau caché du premier coup d’État contre Kaboré, Zoungrana a été de nouveau arrêté en décembre 2022 car soupçonné d’être impliqué dans de nouveaux complots.